vendredi 3 septembre 2010

On fait palabre

(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Décalé Gwada de Jessy Matador)

Aujourd’hui, je me suis réveillée de façon précipitée. Tout d’abord, j’ai très mal dormi à cause du décalage et de l’orage. Aussi, j’avais demandé à la réception un réveil à 8h30 puisque le chauffeur venait me chercher à 10h00 pour faire des commissions. Or, le matin venu, l’appel que j’ai reçu était pour me dire que le chauffeur était arrivé. Donc pas de douche, malgré la peau collante, pas de petit déj, on choisit une tenue rapide, ma chemise jaune est froissée, alors j’opte pour le gilet bleu turquoise et la jupe brune. Je suis toute couettée et je me confonds en excuse au chauffeur qui m’a attendu pendant 12 minutes (j’aimerais souligner le record de vitesse pour me préparer!!). Mais bon, c’est l’Afrique, il n’y a rien là. Première escale, Ouro (le chauffeur) et moi allons à la BOA (Bank of Africa) ouvrir un compte bancaire. Très utile pour déposer des chèques et surtout retirer de l’argent et être fonctionnelle. J’ai actuellement près de 1 million de Francs CFA en banque, l’équivalent de 2000$ canadiens. Bon ça paraît beaucoup, mais une bouteille d’eau de 1,5l coûte 2$. Le système de la BOA me paraît bien, l’attente est minime pour ouvrir un compte et le délai pour recevoir la carte de débit n’est que d’une semaine! Bien sûr avec les fériés qui s’en viennent lundi et jeudi prochains, il y aura peut-être un peu de retard, mais tout de même. Ensuite, on file chez Orange, le distributeur de téléphone portable. Je m’offre le petit modèle de base à 5500 FCFA incluant 500 F de crédit. Ce qui est bien ici, c’est que tout ce qui est entrant est gratuit, textos comme appels. Les gens utilisent donc beaucoup le « bip », c’est-à-dire qu’ils laissent sonner un coup et raccrochent pour que tu les rappelles à tes frais. Je me sens de plus en plus apte à vivre ma vie de Nigérienne comme il se doit. On retourne au bureau, quelques paperasseries m’attendent comme le cartable d’évaluation organisationnelle. Je jette un coup d’œil en même temps à mes emails (merci à tous ceux qui m’ont écrit!!! c’est très apprécié!). L’atmosphère au travail est très relax. Bien sûr, je n’ai pas encore réellement commencé à travailler, mais tout semble pouvoir s’adapter. Ma collègue me dit qu’elle sera malade en fin de semaine, mais seulement à partir de 13h30. Elle se sent chaude et croit couvrir un palu. Alors que je suis choquée de cette révélation, elle semble trouver le tout bien normal et peu inquiétant. Moi, je trouve ça débile. Pas question que je me chope cette saleté de malaria! Je redouble d’ardeur côté application de Watkins (beurk ça pue) et vêtements longs (beurk il fait chaud, je pue).

Le ventre toujours aussi vide qu’au matin, ce qui est le lot de tous ceux qui m’entourent puisque le carême est encore en vigueur, Ouro et moi retournons faire des emplettes. En fait, j’ai droit à un petit tour de ville perso avec le chauffeur qui marchande mes achats à ma place parce que le prix des étrangers est beaucoup plus élevé. Dans un premier temps, on passe au grand marché, puis au petit marché, chez l’épicier et enfin aux Délices. Je reviens donc avec un ananas, des chocolatines, des yaourts et de l’eau. Sur le chemin du retour, Ouro me gâte et me fait traverser le Niger. Il s’agit bien d’une balade sur le pont qui relie les deux rives de Niamey séparées par le fleuve. Fleuve qui est un peu plus large que le St-Laurent.

Ce soir, je sors avec Marie-Christine, Félix, son mari et Ibrahim, un ami de Félix. Ils viennent me chercher en voiture, interdiction des coopérants résidant en hôtel oblige. Direction le Maquis nigérien Gégé! Enfin Niamey de soir et sur le sens du monde. Tout le monde rit et boit. Comme c’est le Ramadan, il y a peu de gens, la pluie n’aidant pas. Cela dit, moi je suis très contente de sortir, pluie pas pluie. De 1, la température est plus fraîche, de 2, j’aime voir la ville sous un angle différent avec des gens qui y vivent, de 3, le ciel est splendide avec les éclairs qui illuminent la nuit noire, de 4, de toute façon, je suis en plein décalage horaire, alors pas de sommeil avant 2 à 3h du mat. Ce soir, au menu, des brochettes de merguez et de cœurs de bœuf. Ma première expérience de cœur, ici il est très important de goûter. Je suis un peu réticente, mais finalement avec la moutarde et la cuisson à point, les brochettes sont très bonnes. Le cœur est tendre et n’a pas le goût habituellement ferreux des abats (foi et cervelle), ce qui me convient parfaitement. Tous les gens du Maquis viennent nous saluer, comme si tout le monde se connaissait. Marie-Christine m’appelle sa sœur, je trouve ça mignon. C’est probablement ma plus proche parente dans la place! On passe du bon temps ensemble et ils rentrent me porter à l’Oasis.

Nouvelle expression : on fait palabre, c’est la bagarre, on se chamaille pour des pacotilles entre amis. Marie-Christine est Québécoise d’origine, mais elle vit en Afrique avec son mari Burkinabé depuis 11 ans. Ils ont des enfants de 8 et 6 ans, Joaquim et Noémie. Alors son vocabulaire n’est plus celui des gens de chez nous, elle parle comme une Africaine. Elle me fait rire avec ses expressions. Quand elle parle aux gens au téléphone, elle finit toujours en disant : « ok, bye bye, merci, au revoir, aller, hmm hmm ». Même avec moi, elle parle ainsi. Je trouve ça marrant.

2 commentaires:

  1. Wow 12 minutes !

    T'aurais pas du écrire ça, tes prétendants passés, actuels et futurs pourront tous lire cela, Hi ! Hi !

    AVIS : Toutes les femmes qui lisent ceci doivent bien prendre note que c'est "possible" à faire !

    Tu parles d'une collègue qui pense avoir le "palu" et plus loin tu parles de malaria, s'agit-il de la même maladie ?

    Avant de manquer de la cochonnerie qui pue (Watkins) tu me fais signe !

    Du coeur de boeur ? Je t'en fais à ton retour, "promis" !

    Pour ce qui est de la cervelle, ce sera ma première fois.

    Faire palabre, bonne idée, en vacances, n'importe où avec toute la gang, j'ai bien hâte.

    Je t'aime !

    xoxo

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