mercredi 8 septembre 2010

Mon premier taxi collectif, ma première tempête de sable

 
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(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Freedom is a road, Smooth, album The Parade)


Une autre semaine débute. Cette fois l’équipe est complète. Fatima est de retour de vacances, de même que Stéphanie et Étienne, le représentant de Oxfam-Novib Hollande. La cadence est plus soutenue. Mais pour moi, tout est encore au ralenti. Mon ordinateur a un virus et les dossiers sur lesquels je dois travailler me sont inaccessibles. Alors, comme prévu, je pars faire la tournée des maisons. C’est amusant, mais épuisant. Il faut marchander et discuter avec le proprio des réparations à faire. Les maisons ne sont cependant pas parfaite, et là, je ne parle pas en critères québécois. Elles sont soit malpropres, soit non meublées, soit beaucoup trop loin du travail ou des axes de transport des rues goudronnées, soit trop chères ou souvent un amalgame de toutes ces réponses. Je dois réfléchir à tout ça, mais quoique je choisisse, il y aura toujours des avantages et des inconvénients à la maison élue. Cependant, je considère de plus en plus de prendre la maison de Sylvie puisqu’elle quitte le Niger le 4 octobre pour la prochaine année et peut-être même plus longtemps. En tout cas, tout ça demande matière à réflexion.

En revenant du travail, je prends mon premier taxi depuis mon arrivée au Niger. D’abord, pour en trouver un, il faut se rendre à la route goudronnée la plus près. Il y a deux rues de terre à marcher à partir d’Oxfam avant d’arriver au goudron. Et les rues sont difficilement traversables, il faut se lancer et prier. Rendue au goudron, je lève la main pour appeler un taxi, tous sont pleins. Finalement, j’en croise un qui est vide. Je lui demande s’il va à la Francophonie et s’il peut me laisser à la petite porte. Il me dit non, alors je lui demande le rond point Mali Béro et il dit oui. Sur le chemin, il embarque 2 autres voyageurs qui demandent une destination à 700f , alors il me dit qu’il pourra venir me porter jusqu’à la petite porte si je ne suis pas pressée. Alors je lui demande combien de temps et il dit, ça dépend, comme l’état des routes n’est pas bon… Pas envie de faire le tour de la ville par la chaleur qui règne, je descends coin Mali Béro et Franco. Je lève encore la main pour appeler un taxi, j’attends avec 2 autres femmes qui vont à la Cité chinoise. Un taxi passe et accepte de m’embarquer à 300f, or je sais que la course coûte 200 francs, alors je refuse.

Quelle grossière erreur! Parce que je n’ai pas vu au loin la tempête de sable qui s’en vient. J’attends et plusieurs taxis passent, aucun ne m’accepte et la tempête se rapproche. Le ciel est orange-rose, magnifique, mais effrayant. Bon, tant qu’à être plantée comme un piquet à attendre que la tempête s’abatte sur moi, je décide de marcher. Un homme me voit et m’arrête. Il me dit d’être plus patiente, qu’un taxi finira par venir, que si je décide de marcher et de braver la tornade, c’est elle qui gagnera. Tornade!!!! Mais qu’est-ce qu’il me jase là? Pas le temps de penser, je l’écoute. On lève la main, plusieurs taxis continuent leur chemin, tous sont pleins, car tout le monde veut se cacher des tourbillons de sable, évidemment et moi j’ai refusé pour 100 petits francs (0,20$ can). Finalement, un taxi décide de nous prendre et à mon prix!!!! C’est coincé à l’intérieur, mais il faut ce qu’il faut. La distance entre le monde normal et ce qu’il y a derrière le rideau rougeâtre se réduit. 1-2-3 on retient son souffle.

Les vents sont forts, le sable grésille sur les fenêtres et réussit à faire son chemin par l’entrebâillement des portes qui ne sont pas étanches. L’air est coupé, je ferme les yeux pour me protéger de la poussière. Les femmes dans le véhicule sont voilées et je les envie. On traverse la tempête, tout est orange, peu importe où je porte les yeux. C’est la valse des déchets, tout s’envole. Ça quelque chose de beau, si j’oublie un instant que des sacs de plastique virevoltent dans les airs. On sort du goudron pour emprunter les chemins de terre. Là, mon cœur bat la chamade. La conduite est difficile sur l’asphalte alors avec les cratères des rues en sable durci, je doute. Mais les autres passagers ont leur destination et le chauffeur qui prend sa tâche bien à cœur à l’intention de nous mener à bon port. Je suis la dernière dans le véhicule puisque j’habite au bout du goudron et j’arrive enfin chez moi alors que la pluie commence à déferler. Du portail à la maison, je suis somme toute peu mouillée. Ouf, je veux juste manger et me coucher. Je suis vidée.

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