vendredi 24 septembre 2010

Feu rouge, on fonce!

La circulation.

Fait et statistique : quand on dit qu’on a plus de chance de faire un accident de voiture que de mourir dans un crash d’avion, on prend certainement en considération la conduite automobile au Niger qui contribue indubitablement à la hausse du pourcentage des incidents terrestres. Cela s’explique en partie par les différents « véhicules » et « individus » qui empruntent les voies de circulation. Charrettes tirées par des ânes, bicyclettes, voitures, taxis, camions, motos, rarement des pousse-pousse, 4x4 d’ONG, vendeurs de carte téléphonique, piétons de toute sorte, mendiants, chèvres, vaches, chiens, chats, lézards, crapauds, et reste, et reste…

Avec tout ce joyeux petit monde sur la voie publique, les esprits se rencontrent. Les uns sont très relaxes, les autres courent après leur temps. La prière est très probablement une des raisons principales pour laquelle on se presse tant à rentrer chez soi ou à courir à gauche, à droite. Il fallait voir la folie furieuse du trafic en plein Ramadan lorsque venait l’heure de casser le jeûne. Dans ces circonstances, ce qui doit arriver, arrive. Heureusement, il s’agit dans bien des cas que de petits accrochages, puisque la vitesse maximale atteinte ne dépasse que très exceptionnellement les 80 km/h. Quand même…

Cela dit, il n’y a aucune réglementation quand à la vitesse permise sur les routes. C’est laissé au bon jugement de chacun. Ce qui crée la deuxième opportunité d’accident. Les vitesses étant très variables d’un véhicule à l’autre, on accélère en voyant le champ libre, on freine à cause d’un imbécile qui a décidé de traverser la rue, on l’engueule par la fenêtre dans le dialecte de son choix, on lui envoie un regard de travers par le rétroviseur « conçu » à cet effet, on regarde devant à nouveau et il y a un engin en face à moins de 2 mètres. On appuie fortement sur les freins, mais rien à faire le sable sur le goudron nous fait glisser de plus belle et hop on tamponne la moto qui est devant, et elle, ne résiste pas au choc.

Les « motomobilistes » (ou motards si vous préférez, mais ça n’a rien à voir) se retrouvent sur la chaussée. Rapidement, c’est l’attroupement autour des potentiels blessés. On constate l’ampleur des dégâts et idéalement on repart sur le champ pour ne pas avoir affaire à la police. Voilà, le quotidien sur la route. Juste cette semaine, deux de mes amis ont fait un accident de moto, avec des blessures conséquentes, l’un ayant une fracture du bras et l’autre des éraflures à la jambe et au bras et une douleur à la cheville. Bonne nouvelle, depuis, tout récemment, le port du casque est obligatoire et les amendes varient entre 4000 et 14000 francs selon l’humeur du policier qui vous prend en flagrant délit.

À la différence de l’Asie et de l’Amérique du Nord, le klaxon est brillamment utilisé pour signaler la présence ou pour avertir et non en remplacement du clignotant ou pour envoyer chier l’hurluberlu qui a pris son permis dans une boîte de cracker jack. Ici, les « boîtes de cracker jackeux » sont majoritaires et étrangement, ça se passe plutôt bien si on prend en compte tous les facteurs précédemment cités. En fait, chapeau à tous les chauffeurs qui conduisent dans ces conditions et qui ne souffrent pas d’hypertension.

Bien entendu, il existe des signalisations routières, tels que des arrêts stop et des feux de signalisation. Or, ceux-ci sont, comme partout ailleurs, facultatifs. Par exemple, on passe régulièrement sur un feu jaune orange au Québec ou on dit faire un stop à l'américaine, alors qu'il s'agit en fait d'un léger ralentissement. Cela dit, nos indications routières au Québec et en Amérique du Nord sont assez visibles donc pas de raison de déroger au code de la route. Ici, les installations sont tout autre. Les feux sont placés sur l'accotement à droite, sur un poteau de 2 mètres. Souvent les lumières sont brûlées ou encore les teintes de rouge, jaune ou vert sont tout simplement cassées. De mon côté, je leur laisse le bénéfice du doute et j'accepterais bien une excuse du style "Désolé monsieur l'agent, je ne l'avais pas vu".

Et les routes, parlons-en des « routes ». Ceux d’entre nous qui se plaignent des nids de poule au Québec (et je fais partie de la masse) n’ont qu’à aller se rhabiller. Laissez-moi vous expliquer la situation. À Niamey, l’asphalte est une denrée rare, d’ailleurs on l’appelle ici goudron! Donc, si 5-6 artères principales sont goudronnées (avec une bonne couche de sable permanente sur la chaussée), le reste de la ville est parsemée de route de terre. Qui dit route de terre, dit sensibilité aux intempéries. La problématique vient de la pluie, actuellement en pleine saison, qui creuse des fossés et laisse des lacs d’eau sur la voie. Il faut donc zigzaguer tout le long du chemin pour préserver toutes les pièces de la voiture. Un exploit de chaque jour. Donc je tire ma révérence à tous les chauffeurs de Niamey, puisque grâce à leur savoir-faire je suis encore d’un seul bout et bien heureuse de l’être!

2 commentaires:

  1. Ah Ah très drôle Sissi, et très efficace comme description et surtout ça enlève temporairement le focus sur la situation des "enlèvements".
    À te lire on imagine très bien les scènes et on s'y croirait.
    Continues de nous faire vivre ton expérience.(mais sois prudente en traversant la rue...).
    Rog

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  2. J'adore ta description des gens et des événements: c'est tellement vivant que je me crois à Niamey en train de naviguer les embûches pour traverser la rue! Prends soin de toi, bisous Isa

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