mardi 7 septembre 2010

Le travail et le bureau

(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Obiero de Ogada Ayub, Les incontournables, Musique du monde)

Quand on va ailleurs, on accepte que les choses soient différentes ou du moins on s’y attend. Parfois on est surpris des ressemblances, d’autres fois on est choqué et complètement traumatisé. Les notions de proximité et de gêne ne sont pas les mêmes tout comme le reste des valeurs ou des perceptions. Au Niger, on dit des femmes qui vivent seules qu’elles sont des prostituées. En fait, lorsqu’une femme perd son mari, les options qui s’offrent à elle sont minimes. Elle peut aller chez son frère ou essayer de vivre par ses propres moyens, ce qui veut dire qu’elle doit se trouver un emploi et souvent la prostitution est une porte « facile » de sortie. Les Nassaru peuvent vivre seules, mais c’est tout de même mal vu, en fait, c'est ce qu'on dit. Aussi, le premier jour de mon arrivée en Afrique, un jeune m’a demandé si je voulais porter ses enfants. Simplement. Si seulement on se connaissait :s Les hommes par exemple les amis des amis de mes collèges viennent et me collent, me prennent dans leur bras et me disent que mes lèvres sont belles, etc. Ça me surprend vraiment, cela dit ceux qui ont ces manières généralement ne sont pas du Niger ou bien sont sortis du pays et n’ont pas les comportements typiques des Nigériens. En fait, les Nigériens sont assez distants et respectueux. Je suis une Nassara après tout. Alex, un des copains que j’ai rencontré à Casablanca, m’a dit qu’il avait remarqué que les Québécois sont très timides, il trouve qu’on ne s’exprime pas beaucoup. Il m’a dit que les Africains lorsqu’ils aiment quelque chose bien ils le disent tout simplement.

Je suis au bureau d’Oxfam qui est séparé en Oxfam-Québec, Oxfam-GB et Oxfam-Novib. Nous occupons le premier étage. À l’entrée, il y a la belle et douce Maria, réceptionniste qui s’occupe de gérer nos présences au bureau les appels et de nous fournir le matériel de travail. Ensuite, on prend le couloir de gauche. On passe devant la RAF, responsable de la comptabilité, Rakia. C’est elle qui fait les chèques de remboursement et les chèques de paye. Dans le coin, il y a le bureau de deux expats, Esther et Stéphanie. À côté se trouve la représentante (big boss de la place) Fatima, très travaillante et exigeante. Puis à droite tout au fond, il y a mon bureau que je partage avec Marie-Christine et Abdoulaye. L’espace est ouvert avec une fenêtre et d’immenses plafonds et la clim pour les jours chauds. On a de gros bureaux massifs en bois et chacun un ordinateur. Évidemment, l’internet est compris, mais la connexion est extrêmement lente de quoi s’arracher les cheveux de sur la tête. Quand la version HTML simplifiée de gmail n’arrive pas à appraître, c’est un cas de force majeure. Mais on apprend à se débrouiller autrement, avec le temps. La vie prend une autre dimension et le temps aussi. Ah le temps! Chez nous, le temps est perçu comme une variable linéaire. Il y a un début et une fin et on doit se dépêcher pour tout faire avant que l’échéance arrive, que la date d’expiration soit dépassée. Tout le monde a une montre, on calcule, on mesure et on performe. Ici, on a plutôt une vision cyclique du temps, ce qui n’a pas pu être fait aujourd’hui sera fait demain, puisque le temps revient chaque jour. L’ambiance est donc très relaxe. Ma supérieure m’a dit de prendre bien le temps de m’installer, puisque quand le travail commence c’est fini, tout déboule. J’aurai bien du pain sur la planche. La révision de mon mandat de départ devrait être effectuée dans les prochains jours, mais pour l’instant je travaille sur un projet d’entreprenariat jeunesse. Il y a dans l’air la sécurité alimentaire, la gestion des déchets et l’éducation.
 

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