jeudi 30 septembre 2010

SÉ!

Les cours de Tae Kwon Do (la voie du pied et de la main)

(Piste sonore suggérée: Yamanakabushi, c'est japonais, mais bon l'ambiance est là.)

Quoi de mieux pour se défouler(!!!) que de combattre des adversaires imaginaires en simulant des attaques et des défenses?! Je me transporte en Corée l’espace d’un instant. Discipline, souplesse, agilité et respect. Ceinture noire 4e Dan, c’est le niveau dans lequel je suis loin d’être classée. Par ailleurs, mon professeur, le maître Insa Adamou dit Papa, est un athlète qui a participé aux Jeux Olympiques de Beijing et qui lui détient bien ces « titres de noblesse ». Honnêtement, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais il est vraiment digne d’être un maître. Calme, ordonné, ponctuel, la ballerine en moi adore!

Après le travail, crochet par le palais des sports. C’est mon collègue Abdoulaye qui vient me reconduire en moto. Le trajet à partir d’Oxfam n’est pas très long, mais houleux, un classique! J’arrive donc sur les lieux et il n’y a, évidemment aucune indication. Je tombe sur une bande de jeunes basketteurs en pleine action. Ils sont assez beaux à voir, tellement doués… Mais je ne m’attarde pas, j’ai un rendez-vous avec maître Papa dans un lieu qui m’est encore inconnu, pas de temps à perdre hahaha. Je m’aventure donc dans l’immense immeuble à la recherche du dit professeur. Je suis 15 minutes d’avance… Quelle idée.

J’attends en fouinant un peu et à ma grande surprise le professeur arrive avec 4 minutes d’avance, un miracle. Il prend mes mesures pour confectionner le dobock, la tenue de combat, et on discute du déroulement du cours. Il y a l’échauffement (tant qu’à moi on pourrait rester debout à température pièce hahaha) avec des exercices de souplesse et de force, les poumsé qui sont l'exécution de formes. En fait, il s'agit de mimer un combat comme si l'on est confronté à un ou plusieurs adversaires. Ils ont une importance capitale pour monter en grade, c’est-à-dire obtenir une ceinture. Les couleurs de ceinture de façon croissante sont blanc, jaune, vert, bleu, rouge et noir. Actuellement, je suis la « sans ceinture ». Qu’à cela ne tienne, j’y remédierai avec acharnement. De plus, les capacités individuelles de développement personnel, d'engagement et de technique sont évaluées par deux échelles : les grades (keup) et les degrés (dan). Il faudra donc que je passe d’abord les examens d’évaluation de grade pour obtenir mes ceintures.

Il y a aussi les techniques de frappe et les entraînements aux coups de pied sur raquette de frappe qui demande adresse et précision. C’est bien, mais ce n’est pas facile. Il faut viser en hauteur et frapper avec force au retour.

On a aussi une partie vocabulaire, mais pour ça, je ne suis pas encore top notch… En fait, je ne comprends rien. Il pourrait parler en haoussa et je ne verrais pas la différence.

Vous ai-je mentionné que je prends des cours de 1h30 deux fois semaine et que le mercredi, je suis avec des enfants et que le dimanche, le groupe est composé de ceintures noires… Il n’y a pas de place (par)faite pour les vieilles nassara débutante hahaha

AQMI peut bien faire des simagrées dans le nord, je les attends de pied ferme à Niamey. Pas touche à ma petite ville tranquille! Haaaa-ya

dimanche 26 septembre 2010

Les samedis sportifs

(Piste sonore suggérée: Summertime d'Angélique Kidjo)

Lasse de me sentir devenir une patate, littéralement parce qu’on mange énormément de racines, j’ai décidé de dédier ce samedi à l’activité physique. Tout d’abord, un tour à la piscine : 30 longueurs pour un total de 600m, de l’aquaforme pour une autre demi-heure et un peu de marche pour revenir à la maison.  
 
 
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Le soir venu, intégration au groupe Hash House Harriers. Le Hash Niamey est constitué d’une centaine de participants. Le jeu consiste à marcher ou courir dans des pistes préalablement définies par les organisateurs et de compétitionner ou non avec les autres membres pour arriver en premier. La course a lieu tous les samedis, commence à 17h30 dans un lieu indiqué à la dernière minute et change d’endroit de semaine en semaine. C’est une idée géniale! En plus, les frais sont minimes : 500F avec une boisson rafraîchissante à la fin du parcours.

Alors, Michael et moi, on arrive là-bas en suivant les indications peu claires pour s'y rendre (sur la route de Say, un 1km après le barrage policier, stationner à 25m à droite). Impossible de manquer l'attroupement de 4x4 et la "tâche blanche" en pleine brousse.

Le groupe est majoritairement composé de blancs, majoritairement Européens, majoritairement Français, majoritairement chiants, mais bon on tente quand même l’expérience tant qu’à s’être rendu jusqu’ici. Je vous dis, il y a des blancs au pouce carré, c’est comme irréel, voir désagréable. Cela dit, à 17h30 pile « le troupeau de moutons blancs » se ressemble autour de l’organisateur pour avoir les derniers détails de la course. Cette semaine, un parcours de niveau 3 avec colline et canyon sur 6,8km. Les Nigériens des villages avoisinants ne manquent de venir admirer le spectacle rocambolesque. Le concept est complètement abstrait pour eux. Des fous furieux ont décidé de courir sous un soleil de plomb sur un sol sablonneux et rocailleux à 35 degrés. « Non, mais ils sont fous ces Romains! » Quoi qu’il en soit, on se met à jogger. Le sentier est somme toute bien balisé avec des pétales de fleurs couleur lilas éparpillés au sol. La montée de la colline est assez incroyable avec l’espèce de chaleur écrasante et l’impression de manque d’air.

Au sommet, je suis frigorifiée. Le contraste de température entre mon corps en sueur et le pic est notable. On parle peut-être de 40 versus 30. C’est tellement beau, c’est tellement bon. Jeunes bergers et leurs troupeaux de chèvres, culture de rizière sur le plateau, dunes de sable orange foncé à l’horizon, végétation désertique sur un coucher de soleil sans l’ombre d’un nuage. Je suis complètement grisée, pratiquement au bord de l’euphorie.

Certaines parties du parcours sont très difficiles avec des cailloux minuscules qui roulent sous les pieds et font glisser les coureurs ou encore des canyons très escarpés où les pentes doivent se descendre en adoptant le style skieur slalomant. Carré de sable dans les chaussures garanti! Il y a aussi des chardons de toute taille qui collent aux vêtements et qui piquent effroyablement la peau. Mais les paysages sont grandioses. Vraiment une randonnée magique. Et le Fanta à l’arrivée est plus que rafraîchissant, c’est un nouveau souffle de vie hahaha!

samedi 25 septembre 2010

Nouvel arrivage 2

Jeudi en rentrant à la maison, il y avait une quatrième personne qui avait fait son apparition. Laurélène, une jeune française de 21 ans qui en paraît 28, super énergique voire surexcitée. Elle est drôle, elle parle sans arrêt. Elle reste avec nous pour 3 semaines, le temps d’une visite et d’un mariage, puis hop elle repart en France poursuivre ses études. Elle et Sylvie ont habité ensemble l’an dernier pendant 3 mois. Les liens sont très serrés, même que Rachida l’appelle sa fille.

La maison bouge, tout est si vivant. Chacun vit ses aventures de son côté et le soir au souper on se raconte tout en rigolant.

Je partage avec Laure ma passion pour le sucre et mon engouement pour les films d’enfants. Aller, on écoute hilare Kung Fu Panda avec des crêpes au Nutella.

Hakuna Matata, Le Roi Lion!

vendredi 24 septembre 2010

Feu rouge, on fonce!

La circulation.

Fait et statistique : quand on dit qu’on a plus de chance de faire un accident de voiture que de mourir dans un crash d’avion, on prend certainement en considération la conduite automobile au Niger qui contribue indubitablement à la hausse du pourcentage des incidents terrestres. Cela s’explique en partie par les différents « véhicules » et « individus » qui empruntent les voies de circulation. Charrettes tirées par des ânes, bicyclettes, voitures, taxis, camions, motos, rarement des pousse-pousse, 4x4 d’ONG, vendeurs de carte téléphonique, piétons de toute sorte, mendiants, chèvres, vaches, chiens, chats, lézards, crapauds, et reste, et reste…

Avec tout ce joyeux petit monde sur la voie publique, les esprits se rencontrent. Les uns sont très relaxes, les autres courent après leur temps. La prière est très probablement une des raisons principales pour laquelle on se presse tant à rentrer chez soi ou à courir à gauche, à droite. Il fallait voir la folie furieuse du trafic en plein Ramadan lorsque venait l’heure de casser le jeûne. Dans ces circonstances, ce qui doit arriver, arrive. Heureusement, il s’agit dans bien des cas que de petits accrochages, puisque la vitesse maximale atteinte ne dépasse que très exceptionnellement les 80 km/h. Quand même…

Cela dit, il n’y a aucune réglementation quand à la vitesse permise sur les routes. C’est laissé au bon jugement de chacun. Ce qui crée la deuxième opportunité d’accident. Les vitesses étant très variables d’un véhicule à l’autre, on accélère en voyant le champ libre, on freine à cause d’un imbécile qui a décidé de traverser la rue, on l’engueule par la fenêtre dans le dialecte de son choix, on lui envoie un regard de travers par le rétroviseur « conçu » à cet effet, on regarde devant à nouveau et il y a un engin en face à moins de 2 mètres. On appuie fortement sur les freins, mais rien à faire le sable sur le goudron nous fait glisser de plus belle et hop on tamponne la moto qui est devant, et elle, ne résiste pas au choc.

Les « motomobilistes » (ou motards si vous préférez, mais ça n’a rien à voir) se retrouvent sur la chaussée. Rapidement, c’est l’attroupement autour des potentiels blessés. On constate l’ampleur des dégâts et idéalement on repart sur le champ pour ne pas avoir affaire à la police. Voilà, le quotidien sur la route. Juste cette semaine, deux de mes amis ont fait un accident de moto, avec des blessures conséquentes, l’un ayant une fracture du bras et l’autre des éraflures à la jambe et au bras et une douleur à la cheville. Bonne nouvelle, depuis, tout récemment, le port du casque est obligatoire et les amendes varient entre 4000 et 14000 francs selon l’humeur du policier qui vous prend en flagrant délit.

À la différence de l’Asie et de l’Amérique du Nord, le klaxon est brillamment utilisé pour signaler la présence ou pour avertir et non en remplacement du clignotant ou pour envoyer chier l’hurluberlu qui a pris son permis dans une boîte de cracker jack. Ici, les « boîtes de cracker jackeux » sont majoritaires et étrangement, ça se passe plutôt bien si on prend en compte tous les facteurs précédemment cités. En fait, chapeau à tous les chauffeurs qui conduisent dans ces conditions et qui ne souffrent pas d’hypertension.

Bien entendu, il existe des signalisations routières, tels que des arrêts stop et des feux de signalisation. Or, ceux-ci sont, comme partout ailleurs, facultatifs. Par exemple, on passe régulièrement sur un feu jaune orange au Québec ou on dit faire un stop à l'américaine, alors qu'il s'agit en fait d'un léger ralentissement. Cela dit, nos indications routières au Québec et en Amérique du Nord sont assez visibles donc pas de raison de déroger au code de la route. Ici, les installations sont tout autre. Les feux sont placés sur l'accotement à droite, sur un poteau de 2 mètres. Souvent les lumières sont brûlées ou encore les teintes de rouge, jaune ou vert sont tout simplement cassées. De mon côté, je leur laisse le bénéfice du doute et j'accepterais bien une excuse du style "Désolé monsieur l'agent, je ne l'avais pas vu".

Et les routes, parlons-en des « routes ». Ceux d’entre nous qui se plaignent des nids de poule au Québec (et je fais partie de la masse) n’ont qu’à aller se rhabiller. Laissez-moi vous expliquer la situation. À Niamey, l’asphalte est une denrée rare, d’ailleurs on l’appelle ici goudron! Donc, si 5-6 artères principales sont goudronnées (avec une bonne couche de sable permanente sur la chaussée), le reste de la ville est parsemée de route de terre. Qui dit route de terre, dit sensibilité aux intempéries. La problématique vient de la pluie, actuellement en pleine saison, qui creuse des fossés et laisse des lacs d’eau sur la voie. Il faut donc zigzaguer tout le long du chemin pour préserver toutes les pièces de la voiture. Un exploit de chaque jour. Donc je tire ma révérence à tous les chauffeurs de Niamey, puisque grâce à leur savoir-faire je suis encore d’un seul bout et bien heureuse de l’être!

mercredi 22 septembre 2010

Revendication par l'AQMI

Oui, ça brasse ici, la tension monte. Surtout que les enlèvements ont été revendiqué ce matin par l'AQMI. Les gens d'Arlit sont rapatriés à Niamey et la présence militaire augmente. Du coup, la connexion Internet est moins bonne parce que la priorité va à l'armée, le réseau téléphonique est engorgé, les pannes sont fréquentes, même l'eau a été coupée pendant une demi-journée.

Voici le début de l'article sur les nouvelles matinales nigériennes:

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué mardi soir 21 septembre le kidnapping de cinq Français, employés des groupes français Areva et Vinci, enlevés le 16 septembre sur le site d'Arlit (nord du Niger), indique la chaîne qatarie al-Jazira sur son site internet. Al-Jazira n'a pas évoqué les deux autres otages, un Togolais et un Malgache, et n'a pas précisé non plus sous quelle forme cette revendication a été faite.

http://www.rfi.fr/afrique/20100921-aqmi-revendique-enlevement-otages-niger

lundi 20 septembre 2010

En pirogue sur le Niger

Sortie en « famille », à bâbord toute. Nous sommes 6 blancs et un Nigérien à partir en croisière sur le fleuve à la recherche des hippopotames. Nous prenons possession de notre somptueuse embarcation coussinée pour une balade maritime de fin de journée. La pirogue vogue sur les eaux brun d’argile du Niger. Le piroguier scrute l’horizon pour nous mener vers les « chevaux du fleuve ». Je suis toute fébrile à l’idée de vivre notre aventure. Nous parcourons une bonne distance sur le fleuve. La randonnée dure 2 heures sans trace d’hippos. Je me cale dans le fond de la barque et je somnole tranquille sur le fleuve.  
 
 
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Puis, une espèce de bruit grave et sourd me réveille. Le guide pointe la berge. Je ne vois pas grand chose, mais j’entends comme des souffles de baleines. Je regarde toujours et finalement j’aperçois au loin ce qui pourrait être un hippopotame. Ils ont l’air bien peinard, plongeant en faisant surface comme bon leur semble. Alors, je les imite et me recale dans les coussins tranquillo un peu écrasée par la chaleur. Pour me faire plaisir, ma coloc Sylvie, à laquelle j’ai cassé les oreilles avec mes hippos, demande au piroguier de se rapprocher du troupeau.

Malgré l’air mielleux de l’herbivore, l’hippopotame reste l’un des animaux les plus dangereux pour l’homme étant donné sa tendance territoriale extrême. S’il se sent menacé, il n’hésite pas à attaquer tous ceux qui se trouvent dans son espace vital. Sachant ces informations, je me redresse et je regarde attentivement la manœuvre. Faudrait pas être trop envahissants non plus!

On se rapproche, beaucoup. Il y a comme un malaise quand les bêtes nous regardent et plongent sous l’eau sans ne plus émerger. Tout le monde est d’accord pour partir. On s’éloigne en vitesse complètement à l’opposé. On s’immobilise sur le fleuve le temps d’un coucher de soleil. Puis complètement paf, on va au resto bouffer nos émotions et remplir nos entrailles affamées. On s’assoit, on commande, c’est la panne, le noir total. Vive le Niger!

dimanche 19 septembre 2010

Mosquée

Dimanche matin, je me sens l’âme d’une pèlerine, un tour à la mosquée s’impose. Celle-ci se trouve à la commune 3 dans le quartier Madina. La grande mosquée aux dômes vert bouteille a été construite il y a une vingtaine d’années, une gracieuseté de la Libye et du Maroc. Le domaine fait plus de 2 hectares en pleine ville et sur ses terres, on retrouve une plantation de haricots. Pour la visite, on repassera, le guide est parti faire des courses. On nous dit d’attendre 5-10 minutes. Encore 15-20 minutes. Le soleil plombe, il est midi. Oh un dernier petit moment, le temps qu’il revienne. Y’en a marre, basta, on se reprend une prochaine fois! Je suis venu, j’ai vu et j’ai attendu. ☺
 

 
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(In the Mausoleum, Beirut)

samedi 18 septembre 2010

Les dunes de la rive droite

Samedi soir, après une journée bien crevante au marché, je vais faire un tour dans les dunes de sable près de Niamey avec mes amis question de voir le coucher de soleil. Selon les dires de Philippe, l'endroit se trouve à 20 minutes de distance. Pour nous y rendre, nous traversons le pont puis nous nous dirigeons vers Téra. Si les routes à Niamey sont atrocement amochées, je n'avais pas encore "roulé" sur celles en dehors de la ville sur une longue distance. Je dis longue distance parce que le trajet de "20 minutes" nous en a pris 60. Bien entendu, les conditions des routes qui ont pris la pluie n'ont pas aidé au déplacement. Alors chemin faisant, tranquillement nous passons par quelques villages paysans. Les vues sont magnifiques. Les enfants qui jouent, se lavent et nous saluent, les mamas qui préparent la nourriture près du feu, les hommes qui sont rassemblés pour discuter... Nous rencontrons des troupeaux de toute sorte. La route est de plus en plus houleuse et le soleil descend à vue d'oeil.

Finalement, le véhicule avance avec difficulté, on est en pleine brousse et on se rend compte qu'on a fait une crevaison. On sort le pneu de secours du coffre pour s'apercevoir qu'il n'est pas assez gonflé. Le village le plus près est à quelques kilomètres et les dunes, on ne sait trop où... Je ris, je ris, je ris, c'est trop drôle. Quelle situation cocasse, c'est pas croyable ou plutôt si, c'est juste évident que ça allait arriver. Une petit mélodie me vient en tête, un relent cinématographique américain des semaines précédentes : Indiana Jones! hahaha



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Bref, ma bonne étoile veille sur moi et des villageois passent en moto. Ils s'arrêtent et offrent de nous aider. Coba, le chauffeur, va partir avec l'un d'eux faire gonfler le pneu de secours et l'autre va nous indiquer le chemin des dunes à pied. Les options étant réduites, on opte pour cette solution.

La marche pour nous y rendre n'est pas très longue, mais le soleil étant en train de se coucher, la pénombre s'installe. Je presse le pas et finalement j'aperçois les fameuses dunes. Oh c'est la première fois que je vois autant de sable. Ce n'est pas le désert, mais c'est magnifique et je suis émue. Il fait si chaud et pourtant un frisson de joie me parcourt le dos.

D'un côté, le soleil atteint les montagnes et s'évanouit en une lueur rouge derrière les nuages annonçant l'orage éminent. De l'autre, la lune éclaire la nuit qui commence. Il fait clair. Je me couche dans le sable et j'admire le ciel ensemencé d'étoiles d'où naîtront mes rêves prochains et à venir. Je suis minuscule, si minuscule, tel un grain de sable dans le désert.

jeudi 16 septembre 2010

Enlèvement de 7 expatriés à Arlit au Nord du Niger par AQMI

Toujours à Niamey, la situation est plus tendue. On est sur le qui-vive. 7 personnes ont été enlevées à Arlit, une ville à 1200km de Niamey. La nouvelle fait des vagues auprès des ONG, des ambassades et des dirigeants nigériens. Concrètement, la situation n'a pas changé pour moi pour l'instant, mais les consignes de sécurité sont plus sévères, la vis se resserre. Nous espérions une amélioration de la situation après la fin du Ramadan, mais Incha Allah tout se calmera d'ici 2011.

Pour plus de détails voir les liens suivants:
http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/16/01003-20100916ARTFIG00476-cinq-francais-enleves-au-niger.php

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/16/97001-20100916FILWWW00420-5-francais-enleves-au-niger.php

http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/17/01003-20100917ARTFIG00535-niger-les-francais-expatries-a-arlit-evacues-ce-week-end.php

Cela dit, je reste plutôt zen face à cet événement. Les enlèvements opérés étaient très ciblés. Les ravisseurs sont allés directement chez les gens chercher des personnalités spécifiques. Il s'agit de représailles à l'encontre du gouvernement français qui exploite l'uranium en terre nigérienne depuis belle lurette et d'un règlement de compte d'un conflit antérieur.

Tactique du moment: clamer haut et fort ma citoyenneté canadienne!!!!!!

mercredi 15 septembre 2010

1ère rencontre, 1er choc

L’administrateur Délégué de la Commune Niamey I a l’honneur de vous inviter à l’Assemblée générale du cadre de concertation permanent le mardi 14 septembre 2010 à partir de 9h00.

Ordre du jour :
1) validation des plans d’action des différentes commissions thématiques et transversales
2) divers

Voilà, l’invitation que j’ai reçu cette semaine. Je suis emballée à l’idée de rencontrer plusieurs partenaires et hauts chefs de Niamey. Donc j’arrive à 8h45 sur place, le trafic étant aléatoire. L’accueil et l’installation des participants sont prévus entre 8h00 et 8h45. Or, à mon arrivée, je suis seule sur les lieux. Tranquillement, les gens arrivent, je suis présentée à toutes et à tous. Trop de visages, pas assez de caractéristiques distinctives, j’oublie le nom de tout un chacun au fur et à mesure qu’ils me sont présentés. Après tout le bla, bla, il est rendu 10h. On prend place. Bien évidemment, la séance doit être précédée de la Fathia récitée par l’Imam. Impossible de commencer à travailler sans l’accord et la grâce de Dieu ! Petit discours du président de l’assemblée pour nous remercier d’être là.

On aborde enfin le programme de l’assemblée. L’assistance est agitée et bruyante. Le président clame le silence en hurlant. Les gens se taisent un peu. La secrétaire générale aborde la lecture du plan et les murmures recommencent de plus belle. Elle lit 3 paragraphes qu’on entend à peine. Puis le président crie plus fort pour ordonner le silence. La SG recommence la lecture depuis le début. Ah je sens que ça va être long. On a déjà 2 heures de retard sur le planning. On prend une pause café. Au retour, c’est l’adoption du programme. Et là, c’est le branle-bas de combat. Tout le monde veut apporter son grain de sel : ajout d’une annexe avec le nom des participants, certains veulent qu’on avance, d’autres demandent d’attendre parce que des membres sont absents, on critique le manque de suivi depuis la dernière rencontre…

Les cellulaires se mettent de la partie. À tout bout de champ, les gens répondent à leur téléphone et parle fort pour que leurs interlocuteurs les comprennent. Le président se fâche, il demande la fermeture des portables ou le mode « vibrateur » ! Je suis hilare. C’est le chaos total, j’observe et je suis amusée par le désordre qui règne dans la salle. On finit par avancer lentement. Les groupes commissionnaires sont formés pour réviser les plans d’action mis en place en 2006 et qui devaient être réalisés pour 2010.

Je fais partie de la commission Jeunesse, sport, art, culture et entrepreneuriat. Le plan est bâti sur un semi cadre logique avec des échéanciers vagues et des budgets irréalistes. On est à la commune 1 de Niamey, les communes étant l’équivalent des municipalités québécoises. Cependant, les budgets envisagés pour les projets de notre seule commission, c-à-d Jeunesse, sport et autres, est de plus de 500 millions de francs, pour une commune!! C’est ridicule. En plus, les résultats attendus sont flous et très larges.

J’ai l’impression de perdre mon temps et je commence à trouver la situation un peu moins drôle. Je fais donc mes propositions de changements aux autres commissionnaires, cinq Nigériens. Tout le monde m’écoute religieusement. Je suis la seule qui parle, la seule qui apporte des modifications. Étonnamment, ils apportent les changements que je suggère au plan, répondent à mes interrogations. On argumente sur certains points, la discussion n’est pas facile. Ils ont leur mentalité et leurs belles idées utopiques, moi je suis une foutue Occidentale et je veux du concret, pas du pelletage de nuage sur papier.

Je dois vraiment respirer par le nez, mais on dirait que je dois le faire à travers une paille. Cela dit, comparativement à la plénière, la rencontre en petit groupe se passe relativement bien. Rien n’est parfait, mais on avance tout de même un mini peu mieux.

Après quelques débats au sein de chaque groupe, les commissions, au nombre de 9 (8 + la nôtre), se rassemblent pour mettre en commun ce qui a été décidé de tout côté. Il est 15h45 lorsqu’on commence le retour sur les plans d’action. On a un retard de 3 heures. Les esprits s’échauffent puisque la prière de 16h va débuter. On commence quand même malgré les protestations.

Éducation : proposition de remettre en vigueur la correction corporelle envers les élèves pour faciliter la tâche des enseignants. J’explose intérieurement. Non, mais c’est pas vrai !!! Je suis au bord de la crise d’hyperventilation, j’en reviens pas. Heureusement, les réactions opposées ne viennent pas que de ma part. Certaines personnes sont indignées et rejettent l’idée. Dieu merci !

D’autres projets en santé sont très louables, mais irréalisables de façon indépendante. Par exemple, démoustication de la commune 1 afin d’enrayer le paludisme. C’est chouette comme idée, si seulement on pouvait dire aux moustiques de la commune 2-3-4 et 5 de rester chez eux ou encore de leur demander un passeport et un carnet de santé pour entrer dans la zone…

Je sors frustrée de cette rencontre, déçue et exténuée. Les discussions ne sont pas terminées, mais je quitte tout de même, je n'en peux plus. Beaucoup de travail sur moi reste à faire...

Nouvel ordre du jour selon moi :
1) divers
2) divers 2

lundi 13 septembre 2010

Du pareil au même

Pour pouvoir se repérer dans une ville, dans un environnement, il faut établir des similitudes avec ce que nous connaissons, mais surtout marquer les différences au sein dudit milieu. Les différences entre les artères, les différences entre les gens. Or pour moi, tout est pareil. Les rues se suivent, s’entrecroisent et se ressemblent. Les gens défilent, se présentent et se mélangent dans ma tête. Les traits de l’un sont dans mon esprit la copie conforme de ceux de l’autre. Je suis perdue. Il me faut faire des efforts pour distinguer mes collègues. Cela m’ait nécessaire pour construire des liens et pour aller plus en profondeur dans mes relations interpersonnelles. Lors de ma première journée, je cherchais le chauffeur dans le bureau, alors j’ai demandé à mon collègue Abdoulaye et il m’a dit, il est là, à côté de toi. C’était lui qui était dans le pièce avec nous. Moi, je croyais que c’était un partenaire. Quel malaise! J’étais confuse.
 
 
Je me suis promise que dès le lendemain j’essaierais de trouver les traits particuliers de chacun, le visage étant pratiquement mon seul point de repère puisque le reste du corps est couvert amplement, jusqu’aux chevilles. Par exemple, Maria a le visage triangulaire et un sourire magnifique, alors que Rakia a un visage plus rond avec de jolies pommettes saillantes, qui lui donne un air coquin.

C’est le même principe sur les routes, je dois reconnaître les carrefours. Il faut distinguer les rues de terre les unes des autres pour donner les bonnes directions et savoir où on m'emmène. Une Nassara qui ne sait pas où elle se trouve est beaucoup plus vulnérable, alors je tâche d’être très attentive pour comprendre la division des quartiers et de saisir les points de repères des Nigériens.

Il faut dire que la chose n’est pas des plus évidentes puisque les noms de rues sont rarement indiqués. Les grandes artères sont parfois inscrites, mais c’est l'exception. Et pour ce qui est des adresses postales, on repassera. Mon quartier, la Francophonie, est un des seuls où des numéros de porte ont été marqués puisqu’il a été construit en 2005 pour les 5e jeux de la francophonie. J’habite donc au #229 d’une rue inconnue au bout de la francophonie après la petite porte, au bout du goudron à la grille bleue et rouge. Vous comprendrez donc que lors des sorties, les indications sont bâties sur des repères personnels du genre j’habite après la station d’essence OiLybia, après la pancarte OPVN... Ce qui est le plus drôle aussi c’est qu’en théorie, les rues goudronnées ont un nom nigérien, mais tout le monde les nomme autrement. Par exemple, on dit le boulevard de la francophonie et la route de Tillabéry, mais leur nom officiel est tout autre, alors je ne les connais évidemment pas. Quand je maîtriserai le nom des rues que les Nigériens ne connaissent pas, je serai vraiment intégrée. La future petite Nigérienne.

Sissi partie à la recherche d’une carte pour trouver son monde!
 

 

 

 
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samedi 11 septembre 2010

Marchandage

 

 

 

 
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(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Prelude et Kiara de Bonobo)

!!!!À ne pas lire au petit déj!!!!
L’expérience des marchés en est une des plus particulières. Tous les sens sont mis à l’épreuve lors d’une promenade marchande. Mais d’abord, séparons les différents lieux de marchandage.

Le grand marché est le plus diversifié, mais aussi moins maraicher que le petit. On trouve beaucoup de tissus, de vêtements, de souliers, de plats, de bols, de jouets, de cossins. Il y a un peu de bijoux et d’artisanat. Actuellement, les biens sont très variés et à un prix de fou à cause de la fête de fin de Ramadan.

Amandine. Une envie de sucré, il faut aller à la pâtisserie Amandine. Il y a là des desserts et des viennoiseries. Baguette, croissant et chocolatine. Une adresse à retenir!

Score. L’épicerie Haddad est nommé Score. Entre ces murs réfrigérés, on peut trouver tout ce qui est européen et payer l’importation conséquente de ces produits. Un ensemble de 4 yogourts Activia aux fraises vaut 3375 f CFA!!! Du pur vol. Mais bon, parfois la tentation est trop forte et on succombe à un de ces petits péchés. Il faut faire attention, car la bouffe peut être expirée. Sur un shampoing on s’en fout, mais sur du lait, c’est moins agréable. Sinon, je suis contente de voir que presque tout est potentiellement disponible à Niamey.

Le petit marché. En sortant de la voiture attention de ne pas mettre le pied sur une bouse fraîche d’un animal quelconque. Une fois cette étape franchie, prenez gare de ne pas vous faire frapper. L’idéal est de suivre un Nigérien qui semble savoir où il s’en va. Et hop en moins de deux et avec peu d’égratignures, vous êtes au petit marché. À ce qui paraît, on peut comparer les odeurs du petit marché à celle de la cuisson de baobab. Pour ceux et celles qui sont moins familiers à la chose, les références de fragrances qui viennent en tête sont diverses. Tout d’abord, le vomi. Pas agréable vous me direz, mais tout de même compréhensible. On retrouve au petit marché tout de sorte de chose dont des fruits et des légumes, des animaux et des pièces de viande, des épices et autres gogosses inutiles à vos yeux pour l’instant (ex : un sac qui garde l’eau fraîche!!).

Or, le marché est en plein air. Ironie du sort parce que s’il y a bien quelque chose d’absent dehors c’est bien l’air. Il fait un quelque 40 degrés et les aliments cuisent sous un soleil de plomb avec toutes les bibittes que vous pouvez imaginer. La conservation n’est pas très probable à moyen terme, voire la fin de la journée. Il y a aussi des étals de viande crue qui est mise à sécher, une spécialité divine, dit-on, de Niamey. Ça reste à découvrir pour moi. J’essaierai probablement celle qui est très épicée parsemée de pili-pili. Si bactéries il y a, piment broyé les combattra! Aller petite Nassara, il faut goûter! Une autre fois peut-être. Si on poursuit la visite, les odeurs se complexifient. Les animaux qui sont souvent achetés vivants pour être mangés, sont… vivants donc mangent et font leurs besoins.

Il y règne aussi une odeur de paille humide qu’on donne à manger au bétail. Bien sûr, il y a un fond d’épices et parfois, on attrape l’odeur d’un ananas bien mûr qui donne envie. La raison pour laquelle on est venu au marché en premier lieu : acheter les aliments les plus frais possibles. Il est donc préférable de venir en début de matinée, les cueillettes ayant lieu à l’aube. Vient maintenant la question des prix. Alors là, il faut être équipé de sang froid et surtout d’un local qui se tient à distance et qui discute des prix avant vous. Par exemple, si vous demandez pour un kilo de tomates, vous aurez le prix fois 5. Si vous partez, le marchand baissera un peu le prix, mais parfois pas autant que si vous étiez un Nigérien pur laine. Et là, on crie, on klaxonne, on pousse, on tire, on attire l’attention. Flash visuel : les gens prient n’importe où, un petit tapis et aller hop à genou, les animaux s’empilent, les yeux noirs perçants de visage sans sourire, les regards doux aperçus entre les plis d’un voile, les melons roses désaltèrent juste à les regarder, les piments piquent les yeux, les racines se dénombrent, patate, igname, carotte, manioc… et on prie encore pour un tour.

vendredi 10 septembre 2010

Bonne fête

Aujourd’hui, c’est encore férié parce que c’est jour de fête. On célèbre la fin du Ramadan, l'Aïd el Fitr!! Enfin, on peut manger quand on veut. Levé tardif, mais les yeux toujours collés. Je suis fatiguée, le soir, je n’arrive pas à me coucher. Je dois m’habituer à la clim et au ventilo et à la chaleur quand il y a des pannes de courant. Au moins, il fait très noir, pas une once de lumière n’entre dans la chambre. Je déjeune léger avec un yogourt aux fraises et un verre de bissape (jus de fleurs d’oseille et d’ananas). Il fait trop chaud pour manger quoi que ce soit d’autre. On va promener la chienne et on marche pour un tour. Sur le chemin, les gens tout endimanchés nous souhaitent « Bonne fête » (prononcé faite). Je ne me suis jamais autant fait souhaité bonne fête de toute ma vie. C’est drôle, tout le monde est content que le Ramadan soit enfin terminé. Le prix des aliments et des biens en général a atteint son apogée.

Comme je suis très choyée, Mélina m’a invité à souper chez elle pour la fête. C’est son mari Kadafi et le fils de son mari, Abassane qui nous reçoivent. Ils ont préparé un repas de Taguila, une spécialité touarègue. Son mari vient du Nord du Niger, là où les conflits éclatent actuellement. La plupart des Touaregs viennent du Nord. Malgré les tensions et les problèmes politiques et sociaux entourant le peuple touareg, l’heure est à la fête. Pour l’occasion, on a égorgé une chèvre et on a fait un immense ragoût, la taguila. Il s’agit de cuire la chèvre pendant toute la journée et de faire cuire des galettes de sable faite avec de la semoule de blé et cuite dans le sable. Quand tout est prêt, on mélange la viande et les boulettes de pâte dans une grande marmite et on fait cuire encore dans une sauce tomatée. Physiquement, ça ressemble à des gnocchis à la sauce à la viande, mais le goût est tout autre. C’est vraiment délicieux. Un des meilleurs repas que j’ai mangé depuis mon arrivée et je mange très très bien. En plus, il y a des cornichons, des olives et bien du vin qui accompagnent le tout.

Autour de la table, il y a Esther, une coopérante d’Oxfam, sa fille Kalia, le frère de Kadafi, la famille et moi. Après ce copieux repas, on va à un spectacle de musique touarègue en plein air. Étrangement, la musique n’a pas la version traditionnelle que je croyais y trouver. Les musiciens ont des guitares électriques et s’ils ne chantaient pas en langue touarègue, on pourrait se croire dans un show rock au Québec. Une fois de temps en temps, quelqu’un monte sur la scène et danse face aux musiciens et chanteurs, les bras en l'air se balançant de gauche à droite. Quand la foule est en délire, les hommes lâchent de petits cris aigus pour montrer leur fierté. C’est vraiment spécial, une expérience hors du commun.

jeudi 9 septembre 2010

Les tâches qui s’empilent

(À lire avec Moaner, album Beaucoup fish, de Underworld)

Ma première rencontre avec Mélina Rosay a lieu en fin de journée. Mélina est la coopérante que je vais remplacer, elle doit donc me transférer tous les dossiers et me débriefer sur les projets en cours. Question de rendre le tout plus agréable, on va prendre le thé sur la terrasse du bureau au 2e étage. Mélina est vraiment sympa et quelqu’un de très compétent. Elle me transmet les informations au fur et à mesure qu’elles se présentent dans sa tête. On revoit les partenaires, leurs besoins, leurs points forts, leurs faiblesse, le nom de leur dirigeant en vrac. On révise les projets sommairement, je prends des notes, mais les informations affluent à une vitesse vertigineuse. Avec tout ce flot d’informations, j’ai de la difficulté à établir mon plan d’action et mes priorités. Commencer avec quoi, repartir d’où? Elle me dit de mettre mon pied à terre pour la révision de mandat, car le mandat est énorme et trop éparpillé pour un contrat d’un an. À la fin de notre réunion qui a été trop courte, j’ai la cervelle en bouilli. Je ne comprends rien et je suis un peu découragée par l’ampleur de la tâche. Un jour à la fois. Je me remémore l’alchimiste pour m’encourager un peu… il faut plusieurs grains de sable pour faire un désert, en gardant à l’esprit que les dunes changent sous l’action du vent, mais que le désert lui est toujours le même.

Heureusement, Rachida est allée faire les courses aujourd'hui et nous a préparé un festin. On mange de l'igname pilé avec du fromage peul et du boeuf en sauce. C'est juste délicieux!!!! Et très nourrissant. Petit hic, le fromage est traditionnellement frit dans l'huile de palme. Mon foie et le reste de mon organisme m'en veut un peu.

Comme c'est férié jeudi pour la fête de fin de Ramadan et question de relaxer un peu, on écoute un bon vieux classique : Indiana Jones I. Croyez-le ou non, c'était la première fois que je voyais ce film. Un bon vieux film américain au Niger, quoi de plus exotique.

Aussi, Michael est en train d'essayer de mettre un réseau sans fil à partir de la clé USB (nécessaire pour avoir Internet) de Sylvie dans la maison. S'il réussit, ça sera plus que bienvenu. On se croise les doigts.

mercredi 8 septembre 2010

Mon premier taxi collectif, ma première tempête de sable

 
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(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Freedom is a road, Smooth, album The Parade)


Une autre semaine débute. Cette fois l’équipe est complète. Fatima est de retour de vacances, de même que Stéphanie et Étienne, le représentant de Oxfam-Novib Hollande. La cadence est plus soutenue. Mais pour moi, tout est encore au ralenti. Mon ordinateur a un virus et les dossiers sur lesquels je dois travailler me sont inaccessibles. Alors, comme prévu, je pars faire la tournée des maisons. C’est amusant, mais épuisant. Il faut marchander et discuter avec le proprio des réparations à faire. Les maisons ne sont cependant pas parfaite, et là, je ne parle pas en critères québécois. Elles sont soit malpropres, soit non meublées, soit beaucoup trop loin du travail ou des axes de transport des rues goudronnées, soit trop chères ou souvent un amalgame de toutes ces réponses. Je dois réfléchir à tout ça, mais quoique je choisisse, il y aura toujours des avantages et des inconvénients à la maison élue. Cependant, je considère de plus en plus de prendre la maison de Sylvie puisqu’elle quitte le Niger le 4 octobre pour la prochaine année et peut-être même plus longtemps. En tout cas, tout ça demande matière à réflexion.

En revenant du travail, je prends mon premier taxi depuis mon arrivée au Niger. D’abord, pour en trouver un, il faut se rendre à la route goudronnée la plus près. Il y a deux rues de terre à marcher à partir d’Oxfam avant d’arriver au goudron. Et les rues sont difficilement traversables, il faut se lancer et prier. Rendue au goudron, je lève la main pour appeler un taxi, tous sont pleins. Finalement, j’en croise un qui est vide. Je lui demande s’il va à la Francophonie et s’il peut me laisser à la petite porte. Il me dit non, alors je lui demande le rond point Mali Béro et il dit oui. Sur le chemin, il embarque 2 autres voyageurs qui demandent une destination à 700f , alors il me dit qu’il pourra venir me porter jusqu’à la petite porte si je ne suis pas pressée. Alors je lui demande combien de temps et il dit, ça dépend, comme l’état des routes n’est pas bon… Pas envie de faire le tour de la ville par la chaleur qui règne, je descends coin Mali Béro et Franco. Je lève encore la main pour appeler un taxi, j’attends avec 2 autres femmes qui vont à la Cité chinoise. Un taxi passe et accepte de m’embarquer à 300f, or je sais que la course coûte 200 francs, alors je refuse.

Quelle grossière erreur! Parce que je n’ai pas vu au loin la tempête de sable qui s’en vient. J’attends et plusieurs taxis passent, aucun ne m’accepte et la tempête se rapproche. Le ciel est orange-rose, magnifique, mais effrayant. Bon, tant qu’à être plantée comme un piquet à attendre que la tempête s’abatte sur moi, je décide de marcher. Un homme me voit et m’arrête. Il me dit d’être plus patiente, qu’un taxi finira par venir, que si je décide de marcher et de braver la tornade, c’est elle qui gagnera. Tornade!!!! Mais qu’est-ce qu’il me jase là? Pas le temps de penser, je l’écoute. On lève la main, plusieurs taxis continuent leur chemin, tous sont pleins, car tout le monde veut se cacher des tourbillons de sable, évidemment et moi j’ai refusé pour 100 petits francs (0,20$ can). Finalement, un taxi décide de nous prendre et à mon prix!!!! C’est coincé à l’intérieur, mais il faut ce qu’il faut. La distance entre le monde normal et ce qu’il y a derrière le rideau rougeâtre se réduit. 1-2-3 on retient son souffle.

Les vents sont forts, le sable grésille sur les fenêtres et réussit à faire son chemin par l’entrebâillement des portes qui ne sont pas étanches. L’air est coupé, je ferme les yeux pour me protéger de la poussière. Les femmes dans le véhicule sont voilées et je les envie. On traverse la tempête, tout est orange, peu importe où je porte les yeux. C’est la valse des déchets, tout s’envole. Ça quelque chose de beau, si j’oublie un instant que des sacs de plastique virevoltent dans les airs. On sort du goudron pour emprunter les chemins de terre. Là, mon cœur bat la chamade. La conduite est difficile sur l’asphalte alors avec les cratères des rues en sable durci, je doute. Mais les autres passagers ont leur destination et le chauffeur qui prend sa tâche bien à cœur à l’intention de nous mener à bon port. Je suis la dernière dans le véhicule puisque j’habite au bout du goudron et j’arrive enfin chez moi alors que la pluie commence à déferler. Du portail à la maison, je suis somme toute peu mouillée. Ouf, je veux juste manger et me coucher. Je suis vidée.

mardi 7 septembre 2010

Le travail et le bureau

(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Obiero de Ogada Ayub, Les incontournables, Musique du monde)

Quand on va ailleurs, on accepte que les choses soient différentes ou du moins on s’y attend. Parfois on est surpris des ressemblances, d’autres fois on est choqué et complètement traumatisé. Les notions de proximité et de gêne ne sont pas les mêmes tout comme le reste des valeurs ou des perceptions. Au Niger, on dit des femmes qui vivent seules qu’elles sont des prostituées. En fait, lorsqu’une femme perd son mari, les options qui s’offrent à elle sont minimes. Elle peut aller chez son frère ou essayer de vivre par ses propres moyens, ce qui veut dire qu’elle doit se trouver un emploi et souvent la prostitution est une porte « facile » de sortie. Les Nassaru peuvent vivre seules, mais c’est tout de même mal vu, en fait, c'est ce qu'on dit. Aussi, le premier jour de mon arrivée en Afrique, un jeune m’a demandé si je voulais porter ses enfants. Simplement. Si seulement on se connaissait :s Les hommes par exemple les amis des amis de mes collèges viennent et me collent, me prennent dans leur bras et me disent que mes lèvres sont belles, etc. Ça me surprend vraiment, cela dit ceux qui ont ces manières généralement ne sont pas du Niger ou bien sont sortis du pays et n’ont pas les comportements typiques des Nigériens. En fait, les Nigériens sont assez distants et respectueux. Je suis une Nassara après tout. Alex, un des copains que j’ai rencontré à Casablanca, m’a dit qu’il avait remarqué que les Québécois sont très timides, il trouve qu’on ne s’exprime pas beaucoup. Il m’a dit que les Africains lorsqu’ils aiment quelque chose bien ils le disent tout simplement.

Je suis au bureau d’Oxfam qui est séparé en Oxfam-Québec, Oxfam-GB et Oxfam-Novib. Nous occupons le premier étage. À l’entrée, il y a la belle et douce Maria, réceptionniste qui s’occupe de gérer nos présences au bureau les appels et de nous fournir le matériel de travail. Ensuite, on prend le couloir de gauche. On passe devant la RAF, responsable de la comptabilité, Rakia. C’est elle qui fait les chèques de remboursement et les chèques de paye. Dans le coin, il y a le bureau de deux expats, Esther et Stéphanie. À côté se trouve la représentante (big boss de la place) Fatima, très travaillante et exigeante. Puis à droite tout au fond, il y a mon bureau que je partage avec Marie-Christine et Abdoulaye. L’espace est ouvert avec une fenêtre et d’immenses plafonds et la clim pour les jours chauds. On a de gros bureaux massifs en bois et chacun un ordinateur. Évidemment, l’internet est compris, mais la connexion est extrêmement lente de quoi s’arracher les cheveux de sur la tête. Quand la version HTML simplifiée de gmail n’arrive pas à appraître, c’est un cas de force majeure. Mais on apprend à se débrouiller autrement, avec le temps. La vie prend une autre dimension et le temps aussi. Ah le temps! Chez nous, le temps est perçu comme une variable linéaire. Il y a un début et une fin et on doit se dépêcher pour tout faire avant que l’échéance arrive, que la date d’expiration soit dépassée. Tout le monde a une montre, on calcule, on mesure et on performe. Ici, on a plutôt une vision cyclique du temps, ce qui n’a pas pu être fait aujourd’hui sera fait demain, puisque le temps revient chaque jour. L’ambiance est donc très relaxe. Ma supérieure m’a dit de prendre bien le temps de m’installer, puisque quand le travail commence c’est fini, tout déboule. J’aurai bien du pain sur la planche. La révision de mon mandat de départ devrait être effectuée dans les prochains jours, mais pour l’instant je travaille sur un projet d’entreprenariat jeunesse. Il y a dans l’air la sécurité alimentaire, la gestion des déchets et l’éducation.
 

lundi 6 septembre 2010

Nouvel arrivage

 

 
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Dans la nuit du dimanche au lundi, un coopérant du CECI est arrivé chez nous. Je l'ai bien entendu, la chienne jappe à tue-tête. Nous sommes donc 3 dans la maison actuellement, en plus des employés. Le mec vient de Montréal, il est ingénieur informatique et s'appelle Michael. La villa est donc très animée à mon plus grand plaisir. D’ailleurs, après le repas du lundi soir, nous avons fait une partie de Scrabble. Ça été très drôle. Comme c’était ma première partie à vie, je demandais toujours à ce qu’on me laisse des chances, au grand dam de mes adversaires. J’ai fini par faussement (grâce à mes passe-droits de débutante) gagner avec 269 points. Somme toute, c'est un jeu stressant, surtout quand l'autre prend une éternité à placer son mot qui va justement prendre la place que vous aviez prévu pour le vôtre. Et puis du coup, votre tour est encore plus long.

Aujourd’hui, nous avons enfreint les indications de l’ambassade et nous sommes sortis de Niamey pour visiter les jardins de Sylvie à Sagah, la commune IV de Niamey. Là-bas, elle a démarré un projet de production agricole pour les femmes. Elles cultivent entre autre le riz, les haricots, le moringa et font du fumier avec les jacinthes d’eau qui sont des plantes aquatiques envahissantes. Les champs de riz sont d’un vert électrique et la vue sur le fleuve avec le remarquable coucher de soleil, vraiment ça vaut le détour.

En plus, on a fait le tour de plusieurs quartiers ce qui fait que tranquillement je commence à trouver des repères. Par exemple, là où je travaille, c’est le plateau, quartier plus huppé de Niamey un peu comme le Plateau à Montréal tout étant relatif! Il y a aussi la Cité chinoise entre le Plateau et la Francophonie, le quartier où je réside actuellement. On a Dhara Salam et Boukoki qui sont des quartiers plus populaires à l’Est de la ville. Aussi, pour la première fois depuis mon arrivée, je me suis fait appeler la Nassara, c’est-à-dire la blanche. Ce sont des gamins qui voulaient me vendre un vieux canif contre 5000 FCFA qui ont utilisé le terme. J’ai appris aussi que lorsque nous sommes plusieurs blancs, nous sommes les Nassarou. Dans les quartiers plus pauvres où les blancs sont moins présents, le terme est souvent utilisé, pas de façon méchante, mais pas amicalement non plus.

J’oubliais, le matin, je suis allée prendre une marche. Comme il y avait une petite brise, j’en ai profité pour explorer un peu les environs. Je voulais jogger un peu, mais je me suis ravisée en mettant le nez à l’extérieur. On est lendemain de nuit de prière, alors tout est mort, je suis la seule blanche dehors, mais aussi une des seules humaines de Niamey à marcher pour marcher. Les gens sont très assommés et s’ils s’affairent c’est pour acheter des vivres pour la journée. Sinon, ils dorment sur le bord des routes ou dans leur maison si elle est bien aérée. Somme toute la marche est bien, je ne me sens pas mal à l’aise ou en danger, ce qui est très positif. En revenant à la maison, j’ai encore plein d’énergie alors je fais un petit workout avec Sylvie. L’exercice n’est pas évident pour ma coloc par cette chaleur, en plus, elle soigne un palud qui a mal tourné et qui a affecté ses reins et tout son système digestif. Après 15 minutes, on arrête toute en sueur à cause de la chaleur et bien prêtes pour manger le délicieux poulet au citron et olives que Rachida nous a préparé avec coucous!!! Hummmm et un gâteau choco-banane. Je suis trop gâtée. Je pense que je vais me remettre au yoga, le hot est inclus ici hahaha

samedi 4 septembre 2010

Histoire de Ramadan

En collocation temporaire. Bienvenue chez les Sylvie!

Ce matin, j’ai ramassé le peu des choses que j’avais sorti des bagages pour aller m’installer chez Sylvie question de remédier à l’emmerdement de l’interdiction de sortie des « hôtellistes ». Marie-Christine vient me chercher avec Ouro. On prend Mali Béro, on tourne sur le boulevard de la Francophonie et on se rend jusqu’au bout du goudron où se trouve ma nouvelle demeure. La villa est immense, il y a 4 chambres, 3 salles de bain avec une LAVEUSE, un salon, une salle à manger, une cuisine et une terrasse. C’est le pied!!!! Sylvie a aussi un chauffeur, Coba (Nigérien), une cuisinière, Rachida (Burkinabée) et un gardien, Califa (Togolais). Ma coloc de quelques 50 ans est vraiment sympa et très moqueuse. C’est quelqu’un de simple, sans fla fla et bonne vivante. Ma chambre est grande et propre (je suis 1000 fois mieux qu’à l’hôtel). Il y a un lit double à « baldaquin » (moustiquaire), une table de chevet, une bibliothèque, un bureau de travail et un garde-robe. Bien sûr il y a l’incontournable air climatisé!!! Je songe sérieusement à vivre ici, si les maisons à visiter la semaine prochaine ne conviennent pas.
 
 
 
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Samedi soir, Sylvie veut qu’on aille souper au resto italien le Pilier avec Cécile et son copain Patrick. La nourriture est excellente! Je prends des raviolis au saumon et ricotta avec un jus de mangue et ananas. C’est chouette de bien manger en bonne compagnie. Tous deux ont étudié à Laval et sont stagiaires, mais pour des organisations différentes. Elle est Française et lui Rwandais.

Jusqu’à maintenant, je n’ai pas entendu l’appel à la prière matinale qui a lieu vers les 4-5 heures am. Mais si vous oubliez, il y a dans le journal l’horaire des débuts des moments de prières obligatoires de fin de Souhour et de rupture de jeûne : 5h24, 6h40, 12h51, 16h04, 19h01 et 20h16. Finalement, c’est la prière tout le temps! Imaginez une journée de travail entrecoupée de pause pour la prière… Dimanche, les gens prient toute la nuit, c’est la nuit des Révélations (la nuit où Allah est venu remettre le Coran au prophète Mohamed), c’est pourquoi lundi est férié. Incha Allah (si Dieu le veut) jeudi le Ramadan prendra fin (et Ojala les menaces des Talibans par la même occasion). Les gens sont très fatigués à ce temps-ci de l’année à cause du carême, les après-midi de grande chaleur sont très pénibles. Les gens qui le pratiquent, c’est-à-dire la majorité de la population de Niamey, n’ont pas le droit d’ingérer quoi que ce soit. C’est le combat avec la faim intérieure. Même l’eau est proscrite. En fait, il s’agit de vaincre toutes les tentations extérieures comme intérieures. Je les trouve très courageux de suivre ce régime qui dure depuis plus de 3 semaines. Il fait si chaud, la soif est terrible à surmonter. Parfois, je me sens mal de manger ou de boire devant eux, mais ils disent que c’est correct et de ne pas me gêner. Heureusement, vers 19h ils ont droit de casser le jeûne et là ils mangent abondamment, sachant que le prochain repas est lointain. C’est vraiment spécial de voir les gens faire la prière en pleine rue. Des centaines de personnes face à un mur et exécutant la même gestuelle de façon synchronisée et répétant les mêmes récitations coraniques. Je trouve ça magnifique. La chorégraphie est exécutée à la perfection, on dirait un corps de ballet.

vendredi 3 septembre 2010

On fait palabre

(Piste sonore suggérée en trame de fond lors de la lecture : Décalé Gwada de Jessy Matador)

Aujourd’hui, je me suis réveillée de façon précipitée. Tout d’abord, j’ai très mal dormi à cause du décalage et de l’orage. Aussi, j’avais demandé à la réception un réveil à 8h30 puisque le chauffeur venait me chercher à 10h00 pour faire des commissions. Or, le matin venu, l’appel que j’ai reçu était pour me dire que le chauffeur était arrivé. Donc pas de douche, malgré la peau collante, pas de petit déj, on choisit une tenue rapide, ma chemise jaune est froissée, alors j’opte pour le gilet bleu turquoise et la jupe brune. Je suis toute couettée et je me confonds en excuse au chauffeur qui m’a attendu pendant 12 minutes (j’aimerais souligner le record de vitesse pour me préparer!!). Mais bon, c’est l’Afrique, il n’y a rien là. Première escale, Ouro (le chauffeur) et moi allons à la BOA (Bank of Africa) ouvrir un compte bancaire. Très utile pour déposer des chèques et surtout retirer de l’argent et être fonctionnelle. J’ai actuellement près de 1 million de Francs CFA en banque, l’équivalent de 2000$ canadiens. Bon ça paraît beaucoup, mais une bouteille d’eau de 1,5l coûte 2$. Le système de la BOA me paraît bien, l’attente est minime pour ouvrir un compte et le délai pour recevoir la carte de débit n’est que d’une semaine! Bien sûr avec les fériés qui s’en viennent lundi et jeudi prochains, il y aura peut-être un peu de retard, mais tout de même. Ensuite, on file chez Orange, le distributeur de téléphone portable. Je m’offre le petit modèle de base à 5500 FCFA incluant 500 F de crédit. Ce qui est bien ici, c’est que tout ce qui est entrant est gratuit, textos comme appels. Les gens utilisent donc beaucoup le « bip », c’est-à-dire qu’ils laissent sonner un coup et raccrochent pour que tu les rappelles à tes frais. Je me sens de plus en plus apte à vivre ma vie de Nigérienne comme il se doit. On retourne au bureau, quelques paperasseries m’attendent comme le cartable d’évaluation organisationnelle. Je jette un coup d’œil en même temps à mes emails (merci à tous ceux qui m’ont écrit!!! c’est très apprécié!). L’atmosphère au travail est très relax. Bien sûr, je n’ai pas encore réellement commencé à travailler, mais tout semble pouvoir s’adapter. Ma collègue me dit qu’elle sera malade en fin de semaine, mais seulement à partir de 13h30. Elle se sent chaude et croit couvrir un palu. Alors que je suis choquée de cette révélation, elle semble trouver le tout bien normal et peu inquiétant. Moi, je trouve ça débile. Pas question que je me chope cette saleté de malaria! Je redouble d’ardeur côté application de Watkins (beurk ça pue) et vêtements longs (beurk il fait chaud, je pue).

Le ventre toujours aussi vide qu’au matin, ce qui est le lot de tous ceux qui m’entourent puisque le carême est encore en vigueur, Ouro et moi retournons faire des emplettes. En fait, j’ai droit à un petit tour de ville perso avec le chauffeur qui marchande mes achats à ma place parce que le prix des étrangers est beaucoup plus élevé. Dans un premier temps, on passe au grand marché, puis au petit marché, chez l’épicier et enfin aux Délices. Je reviens donc avec un ananas, des chocolatines, des yaourts et de l’eau. Sur le chemin du retour, Ouro me gâte et me fait traverser le Niger. Il s’agit bien d’une balade sur le pont qui relie les deux rives de Niamey séparées par le fleuve. Fleuve qui est un peu plus large que le St-Laurent.

Ce soir, je sors avec Marie-Christine, Félix, son mari et Ibrahim, un ami de Félix. Ils viennent me chercher en voiture, interdiction des coopérants résidant en hôtel oblige. Direction le Maquis nigérien Gégé! Enfin Niamey de soir et sur le sens du monde. Tout le monde rit et boit. Comme c’est le Ramadan, il y a peu de gens, la pluie n’aidant pas. Cela dit, moi je suis très contente de sortir, pluie pas pluie. De 1, la température est plus fraîche, de 2, j’aime voir la ville sous un angle différent avec des gens qui y vivent, de 3, le ciel est splendide avec les éclairs qui illuminent la nuit noire, de 4, de toute façon, je suis en plein décalage horaire, alors pas de sommeil avant 2 à 3h du mat. Ce soir, au menu, des brochettes de merguez et de cœurs de bœuf. Ma première expérience de cœur, ici il est très important de goûter. Je suis un peu réticente, mais finalement avec la moutarde et la cuisson à point, les brochettes sont très bonnes. Le cœur est tendre et n’a pas le goût habituellement ferreux des abats (foi et cervelle), ce qui me convient parfaitement. Tous les gens du Maquis viennent nous saluer, comme si tout le monde se connaissait. Marie-Christine m’appelle sa sœur, je trouve ça mignon. C’est probablement ma plus proche parente dans la place! On passe du bon temps ensemble et ils rentrent me porter à l’Oasis.

Nouvelle expression : on fait palabre, c’est la bagarre, on se chamaille pour des pacotilles entre amis. Marie-Christine est Québécoise d’origine, mais elle vit en Afrique avec son mari Burkinabé depuis 11 ans. Ils ont des enfants de 8 et 6 ans, Joaquim et Noémie. Alors son vocabulaire n’est plus celui des gens de chez nous, elle parle comme une Africaine. Elle me fait rire avec ses expressions. Quand elle parle aux gens au téléphone, elle finit toujours en disant : « ok, bye bye, merci, au revoir, aller, hmm hmm ». Même avec moi, elle parle ainsi. Je trouve ça marrant.

jeudi 2 septembre 2010

Maintenant au Niger

(Welcome to the world, Kevin Rudolf)

Arrivée dans ma terre d’accueil à 2h du matin, je suis un peu anxieuse. La première impression est toujours importante. Nous sommes 5 blancs à sortir de l’avion 737-800. La chaleur est celle d’un jour de canicule au Québec. Je me dirige vers les douanes. C’est long, très long, les questions se multiplient. Il y a des centaines d’araignées faucheux au plafond de 8 pieds. Je me fais piquer à deux endroits, alors je décide de remettre ma veste malgré la chaleur. La malaria devient ma pire ennemie et j’apprécie une fois de plus la présence des « huit pattes ». Sur le chariot tous mes bagages sont là. Les gens d’Oxfam m’attendent dehors. Sur le chemin, de goudron par endroit et de terre par d’autre, nous croisons un rassemblement de pèlerins qui prient en pleine rue en raison du Ramadan qui prendra bientôt fin, le 11 septembre prochain. Je suis fatiguée, alors on se rend directement à l’hôtel Oasis 3 « étoiles ». La chambre est petite, mais propre et me rappelle de bons souvenirs d’Asie, particulièrement la chambre de bain avec douche et toilette à proximité, voire l’une par-dessus l’autre. J’ouvre mes valises, quelques bouteilles ont coulé et répandu leur contenu dans les bagages malgré les précautions prises pour que ça n’arrive pas. Je nettoie un peu et je me lave. La douche froide me fait beaucoup de bien. Je vais me coucher, complètement exténuée.

Je me réveille à midi. J’ai besoin d’une autre douche. Je regarde par la fenêtre, le ciel est bleu. J’attends le chauffeur pour ma visite des bureaux d’Oxfam. Il pleut ça fait du bien. Il fait actuellement 31 degrés. Si je ne m’abuse, il fait plus chaud chez vous qu’ici!

Fait intéressant, à partir de midi, les gens disent bonsoir. Je suis rentrée au travail avec le chauffeur qui viendra me reconduire à l’hôtel avant le couvre-feu de 18h30. En fait, il ne s’agit pas vraiment d’un couvre-feu parce que ceux-ci sont normalement imposés par l’état. Il s’agit davantage d’une interdiction émise par l’ambassade aux coopérants résidant à l’hôtel de sortir après 18h30. Cette directive a été mise en place à cause d’une menace d’Al Qaïda de kidnapper des touristes ou des volontaires blancs, alors les hôtels sont ciblés. Cependant, cette menace devrait être levée après la fin du Ramadan qui sera le 9 septembre (correction du dernier message). Les autres coopérants n’ont pas d’interdiction. Bien entendu, il n’est pas recommandé de sortir jusqu’aux petites heures du matin, mais les règles sont beaucoup moins sévères lorsqu’on vit en maison. C’est pourquoi, je déménagerai samedi matin pour aller m’installer chez Sylvie Trudel une coopérante du CECI. Sa maison est un peu éloignée du travail, mais elle a une voiture et un chauffeur. Donc je suis de retour à l’hôtel, affamée puisque je n’ai rien mangé. C’est le jeûne. Heureusement, j’ai des barres tendres, des jujubes, du chocolat, du beurre de peanut, du sirop d'érable et des huîtres fumées hahahaha

La ville de jour est beaucoup plus jolie et surtout plus invitante. Bien sûr, il y a des déchets un peu partout, mais les arbres sont beaux et les gens souriants. Le décor est mirifique. Le ciel bleu et les grands arbres verts détonnent de la terre orangée des routes. Il y a des lézards sur les murs, des petits geckos. Comme je les adore ceux-là. J’en veux un chez moi!!! avec ma poule!

À l’hôtel, je rencontre un Français qui m’invite à dîner (souper ;)). Comme il connaît bien le pays, il me commande le Capitaine, un poisson du Niger, avec une pomme frite, une salsa de poivron et ail et une Bière Niger. Mon premier repas nigérien, youhou! Le tout est franchement très bon, particulièrement la salsa. Le poisson ressemble à de la morue, les frites sont assaisonnées avec des herbes. Et la bière est très rafraîchissante. Et bien évidemment, le mec français se met à déblatérer sur le fait que les ONG ne font rien et qu’il faut être ferme (voire désagréable) avec les Africains « sinon ils vont essayer de te baiser, une belle blanche comme toi, ça vaut cher sur le marché ». Wow! Merci pour les infos. De plus, il est outré que mon organisme ne m’ait pas amené à l’ambassade et qu’ils m’aient interdit de sortir de l’hôtel et reste et reste… Gros bourru qui a dépassé le stade de la désillusion. Sympa mais avec parcimonie mettons.

mercredi 1 septembre 2010

Un petit tour à Casablanca vite fait

1 septembre 2010

Après 6h55 de vol, je suis au Maroc. Je foule pour la première fois de ma vie le sol africain. Je suis fatiguée, le vol a été bien, mais j’ai dormi d’un sommeil agité. J’ai 14 heures à attendre ma prochaine correspondance. Contrairement à mes attentes la température au Maroc est fraîche. Pas froide, mais pas insupportable non plus, un bon 28 degrés. À ma sortie de l’aéroport, je rencontre un groupe d’Africains qui reviennent d’un stage de 4 mois au Québec où ils ont été royalement reçus, alors ils veulent me rendre la pareille. Ils viennent de différents pays dont la Côte-d’Ivoire, le Mali, le Tchad et le Niger, mais tous ont un point en commun, celui d’étudier à l’Université d’Alexandrie en Égypte. Rapidement, ils me posent tout plein de questions et tissent des liens avec moi. Le groupe est très soudé malgré les origines différentes. Leur accueil et leur gentillesse mettent un baume sur ma tristesse. On arrive à l’hôtel où nous logeons tous. Comme l’escale à Casablanca est assez longue, j’ai bien l’intention de visiter un peu la ville. Je pars donc avec 3 compagnons : Djibril, Alex et Irène. Ensemble, nous nous rendons à la grande Mosquée d’Hassan II. En photo, elle est superbe, mais en vrai elle est imposante et magnifique. Situé en bord de mer, le lieu de culte reste le point d’intérêt touristique le plus prisé de la ville. Les pierreries et les mosaïques qui décorent le pourtour de la mosquée sont très raffinées et dans les teintes de turquoise et bleu. Les colonnes et les arabesques sont typiquement représentatives de l’architecture musulmane. Après la visite extérieure de la mosquée (la présence des femmes est interdite à l’intérieur), on longe la mer jusqu’au phare. Ensuite, on revient par la corniche qui est bondée de gens et de petits restos. Mes copains doivent quitter pour le Caire, alors on échange des emails et quelques accolades. Je profite un peu de la piscine avant de retourner à l’aéroport pour mon propre vol. Je me perds dans l’aéroport et me ramasse dans l’espace réservé au culte. Un petit chat observe les hommes faire la prière du haut de son escalier. Dois-je rappeler que je suis à l’aéroport, aéroport certifié ISO-9000!! Je retourne sur mes pas, un peu mal à l’aise et je cherche ma porte d’embarquement. On décolle finalement avec 45 minutes de retard. Cette fois, je dors durant tout le vol de 4 heures.

 

 

 

 
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