lundi 27 décembre 2010

Chaos ou Cahot??

(Africa, Amadou et Mariam)

En combinant les sonorités K et O, nous obtenons deux homonymes: chaos et cahot. Du premier, on dérive l'adjectif chaotique qui signifie désordonné, confus, hétéroclite. Du second, on trouve cahoteux qui désigne une chose agitée, turbulente, instable...

Des deux, je peux toute fois qualifier le trajet que nous avons surmonté pour nous rendre au Bénin. Le voyage qui a pris 18 heures (départ de Niamey à 5h30, arrivée à Cotonou à 23h30) m'a paru une éternité. On a tellement passé de temps dans l'autobus que j'ai l'impression d'y avoir grandi.

Mais impossible de grandir dans ce convoi, les bosses ou nids d'albatros, voire cratères volcaniques, sur la route vous écrase les vertèbres et par la même occasion le popotin dans le siège faiblement rembourré. Du coup, vous avez perdu quelques centimètres de hauteur durant le voyage et vous avez des fesses bien plates. Cela dit, pas possible que vous puissiez sortir ou tomber de votre place pendant le voyage avec les montagnes russes improvisées du bus puisque vous êtes bel et bien collés à ce siège. Colle qui provient du passager précédent qui a probablement renversé son coca sur la banquette et n'a pas pris soin d'essuyer le dégât par après... grrrr Bah, c'est comme une ceinture de sécurité, mais en moins agréable puisque ça traverse les vêtements, chaleur excessive et transpiration obligent.

Bref, on arrive à Cotonou. Un accueil chaleureux nous attend. Saliou!! Enfin, on est arrivé. Accolades et étreintes. Regard d'incrédulité. Saliou, Malaïka et Sylvie-Ève, au Bénin pour les fêtes de fin d'année. C'est assez inattendu... Mais merveilleux! Le début d'un séjour inoubliable!
 

 
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dimanche 26 décembre 2010

Direction CTN

Un dernier coucou avant de me diriger vers Cotonou. Malaïka est arrivée à la maison le 24, on a célébré en masse. Maintenant, on s'offre des petites vacances d'une semaine avec nos copains du sud, les Béninois. Mais avant d'arriver à destination, un long trajet de 22h nous attend. Que d'aventures!!!

Je pense bien fort à vous. On se reparle l'année prochaine! À très bientôt xxxxx

samedi 25 décembre 2010

Berka da salla

Noël...

Noël, c'est les cartes avec des bonshommes de neige et des rennes que je trouve dans la boîtes aux lettres à partie du 15 décembre. C'est les souhaits qu'elles contiennent. C'est la joie de savoir qu'encore une fois le temps des fêtes est arrivé.

Noël, c'est la course aux cadeaux. Les listes d'idées que je fais pour chacun d'entre vous. Les innombrables heures passées (ah comme j'adore ça) dans les magasins avec des tounes de Noël en boucle ayant comme thème principal Céline Dion et Mariah Carey (ah ça j'aime un peu moins haha).

Noël, c'est la préparation des bouchées du réveillon. C'est le sucre à la crème de ma soeur et les truffes au caramel. C'est les pâtés du "petit Jésus" et les won ton frits. C'est les dominos, les biscuits sablés, le fudge et autres canapés sucrés.

Noël, c'est les soupers chez les amis. Les bouteilles de vin partagées. Les chansons chantées, les souvenirs rappelés, les photos prises à la volée. C'est les sujets un peu osés qu'on a abordé. C'est les nouveaux souvenirs qui se sont imprimés.

Noël, c'est ma mère, ma soeur et moi qui faisons le sapin. Le magnifique sapin avec les 1000 boules et les jolies lumières qui scintillent. C'est la guirlande que personne ne veut placer parce qu'elle pue le pétrole. C'est la répartition égale des couleurs dans notre arbre majestueux. C'est la sélection minutieuse des décorations que nous plaçons avec délicatesse et attention. C'est l'odeur sucrée du sapin qui embaume la maison. C'est la tâche périlleuse de placer l'étoile au somment une fois qu'on a fini de le monter. C'est le caniche, le poisson chinois, l'oeuf de Faberger, le paon multicolore, les clochettes givrées,...

Noël, c'est les bouffes gastronomiques que mon père nous concocte. C'est les agréables moments passés à manger et boire en famille. C'est mon père, ma soeur et moi qui nous délectons de fromages, de spiritueux, de foie gras et autres gourmandises. C'est la panoplie de jeux auxquels on joue. C'est le raisin sur le bout du nez quand on commence à être pompette. C'est les accolades et les étreintes interminables avec le cou cassé. :)

Noël, c'est la visite chez mes grands-parents et le repas traditionnel qui nous attend. C'est la bénédiction offerte par le patriarche. C'est les larmes de ma tante qui est toujours émue. C'est la distribution des cadeaux et des baisers de remerciement. C'est les heures que mon grand-père passe à préparer le repas hahaha
C'est les beignes de ma grand-mère et la farine que je mets dessus. C'est le filet mignon avec la sauce au porto, le homard, le gratin dauphinois, la salade verte, la délicieuse bûche de mamie... C'est les tartes à toutes les saveurs. C'est la sensation d'exploser à la fin du souper. C'est le bouton qu'on détache pour ne pas que ça arrive. C'est les joues rouges de ma tante qui a chaud.

Noël, c'est les cousines qui grandissent tout le temps, mais que j'aime toujours autant. C'est le karaoké ou les danses "pas rapport" dans le salon. C'est les rires et les joies de tout moment. C'est le verre de Baileys dilué au lait. C'est le Pepsi mis au frais. C'est les chips et crudités grignotés. C'est les 300 quelques crèches collectionnées.

Noël, c'est un baiser de la personne qu'on aime sous le gui.

Noël, c'est vous! (All I want for Christmas is you)

vendredi 24 décembre 2010

Bientôt en réveillon

Dernière journée de travail avant un congé bien mérité. Je vous souhaite un excellent temps des fêtes. Je pense fort à vous et vous me manquez.

Ah! et pourquoi pas : "JE VOUS AIME!"

(Jingle Bells, Christmas all over again, What Christmas means to me, album A very special Christmas 2)

mardi 21 décembre 2010

Au volant

Se déplacer dans Niamey est une aventure en soit, mais conduire, ça devient physique. Il faut penser à tout, tout le temps. Garder le pied prêt du frein, avoir les yeux grands ouverts, les deux mains bien en place sur le volant. C'est comme une course à obstacles, mais avec des cibles qui bougent en permanence. D'ailleurs, je suggère fortement au comité des JO d'intégrer cette discipline, ma foi très héroïque, lors des prochains jeux d'été.

Personnellement, lorsque j'ai pris la place du conducteur pour la première fois avec JC et Véro, j'ai vu TOUS mes passagers boucler leur ceinture et me passer des commentaires du genre: "Ah je n'avais pas spécialement envie de mourir ce soir...", "Pédale d'embrayage à gauche et frein à droite!", "On va rire un bon coup"... Mauvaises langues. Toutefois, dans mon for intérieur, j'avais la trouille et me sentais plus ou moins confiante sur cette voie routière périlleuse. In fine, j'ai bien géré et nous sommes arrivés (pour ma part dégoulinant de sueur) à bon port.

Cela dit, après avoir conduit ici, j'ai bien l'impression que je serais à l'aise sur plusieurs autres routes du monde... Reste plus qu'à essayer! Inde qui dit mieux?

lundi 20 décembre 2010

L'Étrange Noël de... MisSissi

(Piste sonore suggérée : Cold December de Matt Costa)

Oui, oui, la température baisse. Le réveil est difficile, je n'arrive pas à sortir du lit le matin et à me départir de la couette. La douche chaude me fait le plus grand bien et je l'aime bien chaude, voire brûlante comme à mon habitude. C'est l'hiver, enfin, un genre d'hiver.

Mais le froid le plus intense est l'absence des êtres que j'aime pour partager le temps des fêtes. C'est une froidure interne, une distance et une coupure obligée que ma tête fait pour protéger mon coeur.

Pour pallier à tout ce qui me manque, je me suis planifiée un super temps des fêtes avec mes amis et j'imagine que ça sera vraiment de la bombe, mais sachez que j'aurais aimé être avec vous, que vous soyez avec moi, qu'on soit ensemble.

dimanche 19 décembre 2010

À dos de dromadaire

(L'Histoire, Cheb Tarik)

Quatre zigotos, par un beau samedi de décembre, décident de partir se promener dans Niamey à dos de dromadaire.

Candidat #1 L’habitué un peu blasé
Maiga qui est scandalisé qu’on paie 8000 francs pour monter sur une bête inconfortable et qui pue. « Heille, je faisais ça tous les jours quand j’étais jeune… »
 
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Candidate #2 La négoce
Véro qui discute avec le rasta man pour nous avoir un bon prix. « Si tu es prêt à discuter, on va discuter, sinon je m’en vais. Alors, c’est quoi le bout de chemin que tu es prêt à faire? »
 

 
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Candidat #3 L’angoissé
Arnaud, le Français nouvellement débarqué pour une petite semaine dépaysante, est un peu trop dépaysé. « J’ai l’impression de chevaucher un dinosaure! C’est géant! J’ai mes médocs dans ma poche si je me mets à dérailler. »

Candidate # 4 La fascinée
Sissi qui rêve de dromadaire depuis son arrivée se sent comme un poisson dans l’eau. «Yahou!!!!»
 
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samedi 18 décembre 2010

3 paquets de Malarone plus tard… 18 décembre

Après avoir ingéré 108 pilules anti-palud, où est-ce que je suis rendue? Bonne question. À une semaine près de Noël, l’angoisse me prend. Je suis loin de tout et de tous ceux que j’aime. Pourquoi cette décision de rester? Parce que je n’aurais pas eu la force de revenir. Même si c’est loin d’être facile et rose tout le temps, Niamey, c’est très chouette. Alors, je me passe de l’arbre décoré en famille, de la popote du temps des fêtes et de la « polémique » sur quoi manger quand, de la course aux cadeaux et de la répartition du temps entre tous les gens que je veux voir, pour ne pas souffrir d’avoir à revenir ou plutôt de me séparer une fois de plus.

jeudi 16 décembre 2010

De la visite à Balconville

Les visiteurs. Parfois indésirables, parfois trop attendus, néanmoins personne ne leur est indifférent. Il est incontournable que ceux-ci éveillent en nous une panoplie d'émotions, bonnes ou mauvaises, c'est selon.

Visiteurs demandeurs: Ceux qui viennent avec une arrière pensée saugrenue. Ils viennent en ayant en tête une requête bien cachée ou, au fond, pas tant que ça. Dans cette catégorie, on retrouve le voisin sympathique qui a besoin d'une perceuse électrique pour son nouveau meuble IKEA, mais qui demande d'abord comment va la famille, la voisine hyper snob qui a besoin d'un oeuf, une tasse et demie de farine et une cuillère à soupe de culot pour finir sa recette de gâteau des anges. Ouais pas prête d'en être un celle-là. La catégorie s'élargit aux colporteurs de tout genre: témoins de Jéhovah, scouts et jeannettes avec leurs oursons en pain et palettes de chocolat semi bonnes, vendeurs de porte-feuille, stylo, etc.

Visiteurs surprise: Chère surprise! Enfin moi, j'adore, les bonnes en tout cas. Elles font bondir notre coeur pour un tour ou deux. Une surprise est un visiteur qui arrive en avance ou un autre qui n'était pas prévu au programme, mais qu'on est tant ravi d'étreindre. Les visiteurs surprise amènent avec eux tout une gamme de sentiments. Je pense entre autre à la joie intense de revoir un sourire, la sensation d'irréel de caresser un visage, le besoin de reconnaissance et de gratitude envers la vie. Oh oui, merci pour cette belle surprise, toi.

Visiteur "cheveux sur la soupe": Eux aussi sont des "surprises", mais d'un tout autre attirail. Au contraire des visiteurs surprise, ils sèment la tension, le mépris, la médisance et le malaise. Ils sont bien sûr "malvenus" chez nous, dans nos lieux de quiétude. Perçus comme des étrangers, nous essayons de nous en débarrasser par quelques formules du genre:
"C'est gentil, d'être passés, il ne fallait pas." (degré de courtoisie élevé)
"Oh mon dieu, il se fait déjà très tard..." (on indique poliment la porte)
"Ah, mais j'étais justement sur le point de quitter ou j'allais me coucher désolée ou j'ai déjà un terrible mal de tête, je vous donne des nouvelles" (allez, ouste, foutez-moi le camp bande de parasites).
Le problème à la base de la naissance des visiteurs "cheveux sur la soupe" réside dans le déséquilibre entre la perception d'amitié des uns par rapport aux autres. Évidemment, X se sent davantage près de Y qui lui se sent envahi. Tristement, on finit bien souvent par être, un jour ou l'autre, le minable cheveu de quelqu'un.

Visiteurs espérés: Ceux-là font briller nos yeux à leur arrivée. Parfois les larmes embrument nos regards, mais on n'ose fermer les paupières de peur de voir l'être cher se volatiliser. On touche pour y croire vraiment, on se tait parce qu'on a tellement de choses à se dire, mais sans savoir par où commencer. On sent, on respire l'autre tentant presque d'avaler son odeur. On essaie de capter le plus de stimuli possible.
Le truc avec eux, c'est que parfois L'attente est tellement longue et pleine d'espoirs que LES attentes sont trop élevées. Les retrouvailles ne sont pas aussi chaleureuses que l'on aurait souhaité et chacun s'en trouve un peu déçu. Reste à voir si le temps passé ensemble saura réparer les ravages de la distance qui a dénoué les liens.

Visiteurs d'ailleurs: Sont ceux qui amènent un vent de fraîcheur, qu'on connaît plus ou moins bien, qui ont une autre culture ou un autre bagage. Ailleurs qui nous intrigue, qui nous fascine ou nous dégoûte. Avec les ailleurs, on apprend à coup sûr. Ailleurs, c'est ici en étant là-bas.

Et vous, vos visiteurs, ils sont comment?

mercredi 15 décembre 2010

Le partout de décembre : bons-bonnes

Marre, mais marre d'entendre bon... et bonne... à toutes les sauces et saveurs.

Bonjour, ça va, ça passe. Mais même là, il y a de l'abus. Les gens peuvent se dire "bonjour" à 2-3 reprises l'un à l'autre.

Une fois que le cérémonial des salutations est fait, on se souhaite évidemment Bonne journée.

Puis dès midi, on passe au Bonsoir. C'est tellement bizarre. Je suis toute mélangée. C'est rendu qu'en arrivant le matin, je dis "bonsoir" tellement la période pour dire "bonjour" est courte. À quoi bon me casser la tête pour quelques malheureuses petites heures (de 7am à 12pm).

Et là, la sérénade de bons-bonnes commence...

Bonne arrivée: chaque putain de fois que je sors et reviens dans le bureau et cela, même si je vais seulement chercher des impressions à la réception. Du coup, je ne vais plus aux toilettes, ça me bloque.
Bonne digestion: dès que je termine d'avaler la dernière bouchée de mon repas du midi. Non mais, je peux-tu digérer en paix!!
Bon appétit: quand on commence à manger.
Bonne récupération: si j'ai le malheur de dire que j'ai eu un gros weekend et que je suis fatiguée.
Bon retour: quand je rentre à la maison.
Bonne soirée: quand le travail est terminé.
Bonne mission: quand je pars sur le terrain.
Et re-bonne récupération: parce que je reviens de mission.

Mon préféré reste Bon weekend. Enfin c'est vendredi et plus de bon-bonne pour pour me casser les oreilles.

Aller Bonne nuit! ;)

mardi 14 décembre 2010

Quand le rire a un accent

Elle est heureuse, alors elle rit. Son rire communicateur empli les corridors tout entier. Elle a un rire de gamine, même si elle porte en elle bien du vécu qui est plus ou moins drôle.

On dit de son rire qu'il a un accent. Un accent de où? Comment un rire peut-il appartenir à un endroit?

On dit aussi que son rire est contagieux. Elle se demande si le verbe réservé aux virus lui plaît... Puis, tant qu'à être malade, aussi bien contaminer la terre entière.

Elle rit moins quand on lui dit qu'elle rit trop. Comment peut-on rire trop??? On peut être trop fâché, trop triste, trop déprimé, trop plate, mais pas trop joyeux.

On dit enfin d'elle qu'elle ricane, qu'elle est malicieuse et coquine, ce qui la fait rire de plus bel.

dimanche 12 décembre 2010

Dance floor

Par un de ces samedis frais d'hiver, les copains décident de sortir jusqu'aux petites heures. Pas vraiment d'autres options puisque les bars ouvrent vers 0-1 heure. On arrive en boîte à 1h40. Personne sur la piste de danse à mon grand désarroi. Je suis une danseuse, pas une buveuse...

Et puis, je m'en balance. Je me lance seule au monde et je danse comme jamais. Je ferme les yeux, la sensation est trop bonne. Je danse à l'Alizé en Afrique, mais je pourrais être n'importe où sur la planète. On découpe l'espace-temps et on le colle sur le continent de votre choix, je reste moi-même, Sissi, complètement enivrée par la musique.

J'ouvre les yeux. Je ne suis plus seule, bien au contraire. Je suis entourée de tous les gens qui se sont joints à ma folie corporelle. Nigériens, expats d'un peu partout. On danse. On danse. On danse.

(Je danse dans ma tête, Céline Dion)

samedi 11 décembre 2010

Sur le plateau

La banlieue, c'est bien tranquille, mais ce n'est pas pratique.

En déménageant sur le plateau, j'ai vu ma qualité de vie grimpée non pas de 1 cran, mais bien de 10.

Tout d'abord, j'habite maintenant à 8 minutes à pied de chez Oxfam, un gros plus pour moi qui suis une lève-tard.

Deuxièmement, j'ai une piscine avec des matelas d'eau. La grosse vie sale quoi.
 
Troisièmement, j'ai un immense groupe électrogène automatique qui sera très pratique lors des coupures pour faire fonctionner le réfrigérateur et me garder à la fraîche la nuit/être capable de dormir.

Quatrièmement, j'ai un magnifique jardin avec un FRANGIPANIER (mon rêve), deux manguiers, un figuier, un baobab, un palmier, des lauriers, des bambous.
 
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Enfin, le dernier élément, mais non le moindre, j'ai un fabuleux coloc belge. Bières et chocolat au programme!!!
 
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La maison de rêve pour la princesse en moi ;)

mardi 7 décembre 2010

Saviez-vous?

Que les coqs ne chantent pas à partir de 4 heure du matin, mais bien toute la journée durant!

dimanche 5 décembre 2010

1+1 = 3 ou 4 ou les marches inégales de l’escalier sociétal

Chez les animaux, on perçoit une hiérarchie bestiale et des inégalités conséquentes. C’est la loi de la jungle, le plus gros et le plus fort gagne. Celui qui saura se battre, aura sa part du gâteau. Au Grand Hôtel, c’est Gérard (son petit nom d’occasion) qui est le patron. C’est le king des matous. Il est gras et bien nourri. Tous les minous se prosternent à son passage, le laissant accéder aux restes de table des clients occidentaux qui bouffent eux aussi beaucoup trop. Ensuite, quand Gérard a fini, les maigrichons squelettiques pourront, s’ils ont de la chance, goûter aux plats.

Les plus faibles meurent ou sont malades. Les plus ingénieux de tous s’adapteront et se transformeront pour survivre. Pas de pitié pour les mauviettes. Mauviettes qui portent souvent la marque du féminin. Et oui, le statut des femmes est encore précaire au Niger et l’égalité est loin de faire l’unanimité ou d'être répandue. Toutefois, certains hommes estiment que les tâches ménagères sont réparties équitablement. Ce qui suggère une lueur d'espoir. Mais, il faudrait peut-être revoir la notion d'équité puisque la plupart tiennent les propos suivants...
Un homme : «J’établis la prévision des tâches à faire et elle les réalise. J’ai acheté le balai, elle le passe. C’est 50/50. On partage tout.»

Sans vouloir tomber dans le trivial, il y a l’éternel et classique écart entre les riches et les pauvres. Or, ici les riches ne le sont pas forcément de beaucoup plus par rapport à la classe qui les précède. Dès qu’un Nigérien obtient une minime augmentation ou un privilège professionnel, automatiquement le « phénomène de la balloune » se produit. En fait, l’individu atteint de ce syndrome est tellement imbu de lui-même, à cause de cette impression de « pouvoir » nouvellement acquis, que sa tête enfle à vue d’œil et il plâne au-dessus de la populace. Passe-droit lorsqu’il y a une file d'attente, « après tout quand on est moi, on n’attend pas » et autres trucs illégitimes du même acabit. La personne se sent tellement supérieure qu’elle exerce cette supériorité sur les autres sans ménagement. S’en suit la cérémonie du portail et le port du sac-à-dos dans le bras des autres. Je m’explique. Ces deux derniers éléments peuvent s’imager de la façon suivante : l’individu X qui avait une situation précaire est maintenant incapable de tourner une poignée par lui-même et fait bien des chichis si on ne lui ouvre pas la porte à son arrivée. Dans la même optique, le port du sac à dos sur le dos n’est plus envisageable puisque les autres peuvent le faire à notre place! Finalement, il m’apparaît que les avantages dont jouissent les parvenus sont plutôt un « ratatinement » du cerveau au profit de l’expansion des poches du pantalon. Drôle de troc si vous voulez mon avis.

On retrouve ce même principe entre les employés et les professionnels. Les employés sont les femmes de ménage, les gardiens de maison, les serveurs, les chauffeurs de taxis, etc., alors que les professionnels sont tous les autres qui travaillent pour une entreprise privée ou pour le gouvernement ou pour une ONG. Et encore là, le plus grand prestige va pour le secteur privé qui est plus glorieux. Entre eux, les gens sont parfois très cruels. On ne manque pas de mépriser les moins nantis. « Ce ne sont que des employés, on les retrouve partout, ils sont remplaçables! »

Ainsi, on pourrait dire qu’il existe un système de caste dans le pays subsahélien. En effet, on n’offre pas de serrer la main à tout un chacun. Il faut respecter le rang. De même qu’on ne regarde pas dans les yeux nos supérieurs. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal avec ce principe. Moi, ça m’énerve tellement de ne pas me faire regarder quand on me parle, je trouve ça insultant, mais paraît-il que c’est une marque de respect et de politesse. Enfin…

De toute évidence, on distingue aussi une bonne marge entre la qualité de vie des expatriés versus celle des Nigériens et c’est d’un œil critique que j’analyse ma propre situation. Voyons voir. Je suis de celles qui ont des employés, mais je ne les méprise pas, bien au contraire, ils embellissent ma vie quotidienne et j’en suis bien consciente. Je ne voudrais pour rien au monde qu’ils me quittent pour aller travailler ailleurs. Mais quand il s’agit de salaire, je ne suis pas très encline à donner une augmentation. Ayayaye, je me remets en question, mais pour l’instant toujours pas de réponse. Est-ce que parce que je suis étrangère je devrais payer plus? Après tout, le pays et son peuple sont mes hôtes, ne serait-ce pas normal que j’aie les frais d’une taxe de passage? Pourtant, lors des négociations, je ne bronche pas. Le salaire de mes employés est plus que généreux et je suis parmi les meilleurs employeurs. Par principe, je ne paie pas un prix nassara à la hausse. Je prends le bus à 100 francs comme tout le monde, la course de taxi est à 200 francs et les bananes à 500 francs le kilo. Un point c’est tout.

Encore entre ruraux et urbains, on voit de grosses dissimilitudes. Là, on approche de l’extrême pauvreté. On parle de moins de 2$ par jour pour vivre dans les campagnes où les périodes de soudure sont les plus sévères. D’un enfant à l’autre, les jouets diffèrent : chambre à air et bâton versus cours de seadoo sur le Niger. Qui s’amuse le plus, ça reste à voir.

Le fossé des écarts est partout pareil, personne n’est égal et plus on a, moins on désire l’égalité, on aime ce qui nous différencie. Même l’escalier au bureau est inégal. En effet, les « grimpeurs » doivent faire preuve d’adaptation d’une marche à l’autre, l’écart étant plus petit, plus grand selon la fantaisie de l’architecte concepteur. Chaque pas pour aller de l’avant est une surprise. Il faut toujours s’ajuster, mettre des efforts plus ou moins considérables pour parvenir à l’échelon suivant. Une fois monter, on regarde en bas et on a un sentiment de fierté d’avoir réussi sans trébucher. Pas question qu’on redescende et surtout pas question qu’on modifie l’escalier pour faciliter la vie des autres.

Comme quoi, les étapes pour être en haut ou en bas de l’échelle sociale diffèrent de façon aléatoire, sans justification certaine, tout comme dans le reste de la vie.


(Weight of the world, Alana Davis)

samedi 4 décembre 2010

De retour sur le T

Eh oui, je suis maintenant la coqueluche des designers. Tout le monde s’arrache mon numéro et tous veulent mes dispos. Pas facile d’être célèbre… HAHAHA Cette fois-ci je défile pour Sarah Kolding à Cocochou Land.

L’ambiance et le style ne sont vraiment pas les mêmes. La designer veut quelque chose de beaucoup plus épuré, les modèles de robe sont simples et les coiffures aussi, pas de fla fla. Mariage de lin et de pagne au menu dans des couleurs explosives.


 
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mardi 30 novembre 2010

On se les gèle à 22

Je ne croyais jamais dire ça, mais... il commence à faire frais.

Tout étant relatif, après avoir vécu à 40, mon corps réagit à un écart de température de 15 degrés. C'est ainsi que je vois malgré moi mes muscles arecteurs se contracter créant sur ma peau la chair de poule. Heille non mais vraiment, est-ce que j'ai besoin d'un isolant thermique??

Du coup, je cherche les manches longues dans mon garde-robe et les tenues plus chaudes. C'est incroyable comme sensation, mais vrai.

En fait, c'est actuellement le meilleur moment pour les visites puisque la chaleur est modérée ;) Et ça va jusqu'en février, avis aux intéressés!!!

(Depuis l'automne, Harmonium)

lundi 29 novembre 2010

W

Paradis des oiseaux

2h30 de route, 2h30 de paysages merveilleux, ponctué de oh et de ah. On part à 4 Belges et une Québécoise, Odile, Fred, Manon, Jean-Christophe et moi.

Niamey est à quelques 200 km du fameux parc W. W pour le tracé du fleuve que longent les côtes et qui s'apparente à la forme de la 23e lettre de l'alphabet latin.

Tout au long du trajet, de magnifiques arbres au tronc immense et à la cime dégarnie sont décorés de guirlandes et de boules. J'ai trouvé des arbres de Noël en Afrique. Il s'agit du majestueux baobab. Les décorations sont en fait, les fruits de l'arbre, appelés pain de singe. Paraît-il qu'ils sont délicieux en crème glacée. Il faut voir...

 
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Dès notre arrivée, les animaux défilent...

Le croco sur le cours d’eau tranquille ondule et se déplace astucieusement.
 

 
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Les merles argentés qui suivent notre convoi avec attention. De leur regard avide, on dirait qu'ils attendent une panne pour nous sauter dessus.

L'antilope-cheval qui jaillit de nulle part en plein milieu de la route pour repartir de plus bel.

Le rollier d'Abyssinie qui se pavane et se laisse aisément photographié. Il faut dire qu'il est vraiment magnifique avec son joli maquillage autour des yeux.
 
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Le troupeau impressionnant de buffles avec leurs oreilles style cheveux Ouimzi ou encore version furbies à 180 degrés au lieu de 90 qui traverse bruyamment le sentier d'un pas pressé.

On s'installe au campement avant le souper et quel campement... Le grand luxe! Gigantesque tente de 6 places avec oreiller et moustiquaire. Un coin douche et une toilette avec siège. Quand je pense qu'il y a des bars de Niamey qui n'en ont même pas... La bouffe est super bonne, soupe de courge en entrée, ragoût et couscous en plat de résistance et pastèque pour dessert. Aller, on est confo ou on ne l'est pas!
 

 
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Vers 20h00, on part pour une expédition nocturne à la chasse aux lions. Après une heure de balade en voiture, toujours pas de Simba à l'horizon. Or, surprise, une civette joue à cache-cache. Malheureusement, le manque d'éclairage nous empêche de prendre un cliché de la demoiselle tachetée et rayée.

Au matin, les singes vervet squattent près du campement en quête de reste de nourriture. Alors que leurs cousins babouins sont un peu plus loin dans les broussailles.
 
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Vers 10h on part en balade dans le parc avec notre guide et notre sécurité/gars armé jusqu'aux dents. Sous le soleil tapant, je ressors de la savane avec des griffures sur les jambes et un visage rougi. Cependant, mes blessures ne sont pas dues aux animaux, mais bien aux herbes sèches qui m'ont fouetté tout le corps et au soleil qui m'a chauffé la tête.

Vraiment un super weekend avec les Belges et ce malgré mon accent hahaha, en fait le leur!!!

vendredi 26 novembre 2010

Aurore Quintet

Jazz manouche : guitare, violon, contrebasse avec un extra batterie et trompette pour le quintet d'Aurore. En fait, le groupe est plus connu comme Aurore Quartet, mais le quintet est définitivement plus raffiné et complet (voir youtube pour un aperçu plus détaillé, mais peu représentatif).

Une comparaison me vient en tête... Fou-Bar, rue St-Jean, soirée jazz et hot dog choucroute, chips ondulées nature, petite table ronde, seule au monde avec ma bière et les musiciens.

Le contexte ici est fort différent. Souper-spectacle high class, à la terrasse du restaurant les Rôniers. Tout le gratin de Niamey est là. Au menu tarte tatin aux tomates et confit d'oignon crémeux, Osso bouco et tagliatelle, thé à la menthe, éclair au café sur fond de jazz, tonalités de suave à rythmé.

Certains spectateurs jouent les offusqués parce que les gens parlent pendant la représentation, alors que d'autres s'amusent et s'éclatent sans ménagement au grand damne des premiers.

Moi, je suis ravie d'être là, vivant un peu ici, me sentant comme chez moi.

mardi 23 novembre 2010

Je déteste les animaux, mais...

… j’ai des envies de végétarisme quand je vois les poulets vivants attachés au guidon des vélos des gens.

… j'apprécie la présence des chatons qui chassent les bestioles qu'on ne veut pas dans la maison.

… je les trouve magnifiques les girafes de Kouré et je suis contente qu'il y ait un parc pour les protéger du braconnage.
 
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… j'ai des frissons quand je vois les blessures des chiens infestées de mouches qui pondent leurs œufs.

… je suis désolée de voir les chèvres, les vaches, etc. brouter sur les tas de déchets et s'étrangler en avalant.
 
 
 
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… je me sens triste quand je reviens du travail et que je vois les coulées de sueur et de sang sur le dos des ânes.

… je trouve injuste que les bêtes me fuient parce qu'ils ont peur de moi, parce qu’ils croient que je les battrai plus fort et plus durement que les autres.

(9 crimes, Damien Rice)

lundi 22 novembre 2010

Let it snow

(Snow (Hey Oh), Red Hot Chili Peppers, Stadium Arcadium)

Les changements climatiques sont vraiment dramatiques et causent plusieurs dégâts un peu partout sur le globe. Le Pakistan inondé, les tornades et cyclones dans les tropiques, la crise alimentaire du Niger et la fonte des glaciers sont autant de démonstrations que la planète souffre et que nous souffrirons avec elle. Tout est amené à changer...

De mon bout du monde chaleureux, je pense à vous et j'envie les premières neiges qui sont à vos portes ou déjà sous votre nez. Quel bonheur de se réveiller un beau matin et de voir un mince tapis blanc qui couvre la pelouse. Enfin un peu de luminosité qui éclaire les ténèbres de l'automne.

Sur la terrasse d'Oxfam, je suis un peu perdue dans mes pensées. Alors je suis un peu surprise en regardant à l'horizon de voir de gros flocons tomber du ciel. Je rêve... enfin c'est pas possible.

Les petits cristaux virevoltent dans les airs, se posent un instant au sol et puis reprennent leur danse au gré de la brise chaude. J'ai bien dit brise chaude! Soit c'est la fin du monde (eh option peu désirable), soit j'ai la berlue (bon, plausible avec la malarone et autres gugusses dans l'air, mais tout aussi peu alléchant).

Et je plonge davantage dans mon hallucination me faisant les réflexions suivantes:
"Aucune chance qu'il y ait accumulation au sol, les routes sont déjà couvertes de sable", "Avec quoi je vais pelleter tout ça? Merde", "Si elle est collante, je pourrai faire un bonhomme en arrivant à la maison"...

Je sors enfin des limbes pour m'apercevoir qu'il s'agit en fait de centaines de petits papillons blancs. Oh, c'est magnifique. Merci pour ce moment magique et éphémère. Après tout, j'ai eu droit moi aussi à ma première neige.

Bon d'accord, les changements climatiques ne sont peut-être pas aussi drastiques que l'apparition de neige dans le désert, mais tout de même, j'ai plus ou moins envie d'essayer.

http://oxfam.qc.ca/fr/campagnes/semez/petition

dimanche 21 novembre 2010

Les longs cous

(African Odyssey de Delhi 2 Dublin)


Direction Kouré, Michael, Paul-Armand, Renée, Issouf et moi, on part à la découverte des girafes, ma sortie la plus éloignée de Niamey jusqu’à présent. En fait, le village se trouve à 60km de la capitale.

Le paysage pour se rendre est très caractéristique du désert avec une végétation rare et basse, de petits buissons et de très peu nombreux arbres. Après une demi-heure de 4X4, on arrive à l’entrée de la « ville » où on doit payer l’entrée pour l’accès au site et engager un guide. Il règne ici, dans la zone entre les villages de Kouré et de Harikanassou, un des derniers troupeaux de girafes en liberté d’Afrique de l’Ouest.

On quitte donc le goudron pour emprunter une piste en longeant plusieurs petits villages très charmants avec les maisons en terre d’argile et les toits de paille. Notre tourisme étant très profitable dans la région, les habitants, en majorité des Peuls, sont très accueillants et nous laissent gentiment traverser leur territoire.

Sur le trajet, on rencontre des chèvres qui gambadent tout bonnement dans les champs, des hardes de zébus imposants avec leur immense corne, mais toujours pas de longs cous à l’horizon.
 

 

 
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Puis au loin, une majestueuse apparaît. Elle est comme un mirage sous l’effet de la chaleur. OH je suis émue, elle est si belle, si gracieuse. On s’approche encore un peu question d’atteindre le groupement.

Les 5-6 girafes que nous avons découvertes, pâturent librement dans cette nature peu généreuse. Vraiment, dans toute leur élégance, les bêtes mangent les feuilles du sommet des arbres sans trop nous prêter d’attention. Leur peau pâle est typiquement marquée de taches brunes plus ou moins foncées qui forment comme un casse-tête s’emboîtant à la perfection sur leur dos. Elles ont aussi des yeux très sombres et leur regard est imprégné à la fois de sagesse et de tristesse qui en fait toute leur beauté. Elles sont libres, elles avancent et se promènent où bon leur semble. J’ai une révélation… je suis réellement en Afrique! C’est génial!
 

 

 

 
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