dimanche 3 octobre 2010

Oui je le veux

(Beaux dimanches de Amadou et Mariam à écouter en boucle avant ou après la lecture hahaha)

Mon premier mariage africain musulman
Ce weekend et depuis une semaine déjà la célébration du mariage de Aminatou (alias Ami) et de son fiancé est entamée. Laurélène est très impliquée dans tout le processus puisque c’est une bonne amie d’Ami. De toute la semaine, on l’a à peine aperçue à la maison. De son côté, elle accompagnait la jeune mariée dans la procession. Purification au henné tous les jours, dessin sur les pieds et sur les mains, tressage des cheveux, soins esthétiques et de beauté, gommage pour adoucir la peau, achat de bijoux, chaussures, robe de mariée, etc.

Il faut tout de même que je détaille le processus de décoration au henné sur le corps. C’est une femme qui a suivi une formation en dessin au henné qui trace méticuleusement les formes directement sur les mains, avant-bras, mollet, cheville et pieds de la mariée sans modèle ni appui. Il faut voir la précision et la finesse des images qui marque la peau. Un fois les dessins terminés, il faut fixer la teinture du henné dans la peau, la mariée a donc deux options. Soit on utilise de l’acide sur sa peau pour foncer les dessins, soit elle plonge ses mains dans une jarre de fumée avec des tisons brûlants pour assurer le maximum de coloration. Une histoire de OUF! Je suis sidérée, mais je me tais, fascinée par cette folie religieuse, mais les choses se pimentent encore un peu.
 

 

 

 
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Ami a 32 ans, elle est encore vierge et va quitter pour la première fois la maison de ses parents. Pour elle et sa famille, le mariage est très favorable, mais pour le marié, c’est une toute autre réalité. De un, la mariée est « vieille », de deux elle travaille et enfin sa famille n’est pas très riche. Ami se sent donc très choyée, elle est si heureuse de devenir la seconde épouse de Oustaz Ali salah Ben Hamouda, imam de 42 ans.

Dans les cartes d’invitation, on convie parents, amis et connaissances aux cérémonies religieuses qui auront lieu incha allah le samedi 02 octobre 2010 à 09h00 au domicile du père d’Ami. Et comme si ce n’était pas assez, il y a une annonce faite à la télévision. Vous imaginez un peu le monde qu’il y a à la « messe »!

Les mariés sont séparés depuis le début de la semaine et ne se retrouveront qu’à la tombée de la nuit le jour du mariage. Cela implique donc que ni un ni l’autre ne sera présent au dit mariage. Chacun a un représentant qui parle en son nom lors de la cérémonie. Les pères des deux familles s’entendent sur un arrangement et sur le prix de la dote de la fille (du genre 3 chameaux et de l’or), puis on les déclare mari et femme. Ensuite, les hommes sont avec le mari et les femmes avec la mariée.

Nous sommes donc allés rendre visite à Aminatou dans la pièce où elle est enfermée avec plusieurs femmes en entendant la vue du soir et des retrouvailles avec son nouvel époux. Nous la félicitons, lui remettons ses cadeaux et nous la laissons prier et se reposer avec les tantes, cousines, voisines, amies des deux familles. Pour agrémenter le tout, il y a parfois quelques grillots, musiciens itinérants qui viennent quémander une chanson. À l’heure du repas, c’est dégénérescence totale. Les gens sautent sur la nourriture comme des vautours ou des hyènes.

C'est aussi un moment de parade, tout le monde étant sur leur 36. Les boubous, les pagnes, les basins brillants, les robes, les bijoux. Et on se vante d’avoir plus de 480 000 francs pour sa tenue, etc. On se pavane et on s’expose.

Le soir venu, tout le monde se réunit dans la nouvelle maison des mariés. La mariée est amenée au mari avec un drap sur la tête et alors tout le monde crie. Les femmes sont littéralement hystériques. Comme les portes sont ouvertes, il y a des milliers d’insectes qui sautent dans les cheveux et qui collent à la peau. C’est le summum de l’étouffement et de la panique. Juste à y penser, je suffoque.

Enfin, pour la première fois de son existence, Ami est laissée seule avec un homme dans une maison, sa maison. Elle apprendra graduellement à connaître son mari et à essayer de le combler. Oustaz de son côté devra maintenant passer deux jours dans la maison d’Ami et deux jours dans la maison de son autre femme en alternance.

Ce sont, j’imagine, les côtés pratiques de l’amour. Côtés qui me sont encore incompréhensibles...

4 commentaires:

  1. Ayoye!! Une chance que c'est pas comme ça ici!! :S Ouach se partager un mari... Moi je pourrais pas!

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  2. Et c'est ici que l'expression: "Autres pays, autres moeurs" prends tout son sens.

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  3. Ça m'est tellement étranger comme concept que quand j'ai lu 2e épouse je pensais qu'il était veuf! Effectivement Roger... autres pays, autres moeurs! Ce qui importe c'est qu'elle soit heureuse, on lui souhaitera alors tout le bonheur du monde. Fascinant encore une fois ton récit, merci princesse Sissi!

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  4. Mais en même temps, ils se connaissent tellement peu que l'alternance entre les deux maisonnées doit être bienvenue. Ça donne un break à Amy si le mari est gossant.

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