vendredi 4 mai 2012

L'art d'avoir mal


Récemment, je lisais La Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas et je réalisais que les plus belles œuvres littéraires sont souvent les plus tristes, tout comme la plupart des belles histoires d'amour sont extrêmement tragiques. Jamais les deux êtres aimés n'arrivent à vivre pleinement leur amour, sinon que dans la mort. 

Pensons à Roméo et Juliette, Tristan et Iseult, Armand et Marguerite (les amants de Dumas fils)... Et ça se poursuit jusqu'à la modernité; un peu plus récemment Éléa et Païkan dans La Nuit des temps de Barjavel, Christian et Satine dans Moulin rouge qui, je l'appris en commençant cet article, est inspiré de La Dame aux Camélias

La littérature abonde en histoires tristes à mourir. Mais la douleur de l'art ne s'arrête pas là. En fait, tous les grands classiques le sont.

En visitant le musée de Félicien Rops à Namur, j'ai compris que la souffrance affecte tous les génies des arts. Le célèbre graveur et dessinateur trouvait la plus grande partie de son inspiration dans la déchéance humaine, fréquentant bordels et verres d’alcool. Pornokrates et Satan semant l'ivraie en sont quelques exemples. Mais il n'est pas le seul dans son cas. Prenons Le cri de Munch (vendu soit dit en passant à 119 millions de dollars aux enchères de NewYork, le 2 mai dernier) qui représente l'angoisse existentielle. Le tableau est à frémir et transpire l’anéantissement. Perso, pas mon premier choix d'achat, surtout à 119 millions... Le désespoir et la déréliction exposés dans mon salon, non merci!

Mais les jours de mélancolie, je me surprends tout de même à écouter en boucle Turandot, l'opéra de Puccini, avec Nessun dorma qui me fait frissonner à tout coup. Serais-je donc à la recherche de tourments quand mon être a le vague à l’âme? Faut-il vraiment toucher le fond pour exprimer tant de beauté et savoir atteindre le cœur des hommes?

Émile Nelligan et son jardin de givre ne laisse pas de glace celui capable d’apprécier la poésie et pourtant, transparaissent encore vivement cette nostalgie et ce mal-être omniprésents…

Imager, transcrire ou représenter les émotions de manière artistique, demande de vivre à la puissance 10. L’intensité des œuvres qui en résultent est, pour le commun des mortels, touchante puisqu’elle matérialise des émotions humaines abstraites qui sont impalpables. Cependant, l'écriture, la peinture ou même les pas de danse ne sont que le pâle reflet des émotions vécues par leurs interprètes.

Oui, les esprits torturés des artistes sont forts de leur bagage, mais aussi très fragiles d'avoir résisté aux tempêtes de sentiments déchirants que la vie trimbale et traficote.

Je vous laisse avec Que reste-il de nos amours de Charles Trenet qui a été un de ses plus grands succès. Pas très gai, mais tellement beau...

1 commentaire:

  1. Organique et biologique!
    Tes écrits sur le mal et la douleur nous vont droit aux tripes.
    Tes écrits sur la bière nous montent à la tête.
    Tes écrits sur les voyages nous donnent des fourmis dans les jambes.
    Tes choix musicaux enchantent nos oreilles.
    Merci mon amie!
    Continues d'alimenter notre imaginaire et de nourir notre soif de te lire.

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