mardi 22 février 2011

Le partout de février : peur

Effroi généralisé, les gens sont paralysés. Le quotidien est mu par des gestes étudiés et prudents. On vérifie dans le rétroviseur pour être sûr qu'on n'est pas suivi, on rentre à la maison dès que l'aube arrive, on prend différents chemins tous les jours pour se donner une impression d'imprévisibilité...

Les blancs ont développé (ou renforcé) un racisme inavoué, mais surtout inavouable pour les Touaregs qui portent le turban. Nous avons un frisson dans le dos quand nous croisons "un barbu" dans la rue, quand le chauffeur d'un taxi ou un des passagers est enrubanné, quand le soleil se couche pour laisser place à la noirceur et que ce noir nous fait trembler d'une peur nouvelle. Moment privilégié pour laisser les larmes couler, lorsqu'il fait sombre, personne ne peut voir, ni la peur, ni la tristesse.

La peur est partout. Nous avons peur de la solitude, peur de l'obscurité que remplit de monstres notre imagination d'enfant, peur d'enfreindre les lois, peur du jugement divin, peur du ridicule, des commentaires d'autrui, d'aimer et d'être rejeté, peur du changement, de l'inconnu, peur de ne pas réussir à parler une langue étrangère et de ne pas être capable d'impressionner les autres, peur de savoir la vérité, peur que les mensonges soient dévoilés...

Le démon de Coelho disait que tout sur la terre est en proie à la terreur. Il y la "terreur de risquer et de perdre, terreur de gagner et d'être jalousé, terreur de vieillir, d'être remarqué pour ses défauts, de ne pas être remarqué pour ses qualités. Terreur, terreur, terreur. La vie était le régime de la terreur, l'ombre de la guillotine. Tout un chacun est terrorisé, vous n'êtes pas le seul. La différence, c'est que vous, vous avez déjà surmonté le plus difficile, ce que vous craignez le plus est devenu réalité. Vous n'avez rien à perdre, alors que ceux qui se trouvent ailleurs vivent dans l'obsession d'une terreur: certains en sont plus ou moins conscients, d'autres essaient de l'ignorer, mais tous savent que cette terreur omniprésente finira par les submerger."

Effectivement, soit on a la peur au ventre, soit on cache sa peur. On devient laid à faire peur quand on est sous l'empire de la terreur. On dit inspirer de la peur à quelqu'un, mais j'aimerais bien être capable d'expirer de la peur de quelqu'un. Rien n'est plus triste que de lire la peur dans les yeux de quelqu'un.

La peur est aussi haut en couleurs. Une peur bleue, blanchir de peur... Mais on refuse que la peur de mourir nous fasse mourir de peur.

On soupèse nos mots de peur de blesser, de peur qu'il ou elle ne s'en aille, par peur des représailles.

On dit encore prendre peur, semer la peur pour finalement tressaillir de peur. Mais quelle récolte dans ces semences damnées? La pire peur n'est-elle pas celle qui s'installe, grandit, qui s'empare de quelqu'un.

Enfin, je me dis: n'aie pas peur, car bien souvent, il y a plus de peur que de mal.

4 commentaires: